Mort d’Abou Iyadh, figure du djihadisme tunisien, l’un des derniers à avoir fréquenté Ben Laden
Le Monde Afrique - Dans un enregistrement daté de fin février, le chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droudekel, confirme la mort de l’une des principales figures djihadistes tunisiennes.
Seifallah Ben Hassine, alias Abou Iyadh, ainsi que plusieurs commandants d’AQMI, dont Djamel Okacha, alias Yahia Abou Hamman. Ce dernier était considéré comme le numéro 2 du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance djihadiste liée à Al-Qaida.
Côté français, on confirme que les deux hommes ont été tués au cours d’une même opération, menée le 21 février 2019 par des hélicoptères de la force Barkhane, en appui des commandos terrestres, contre des véhicules suspects au nord de Tombouctou.
De son vrai nom Seifallah Ben Hassine, Abou Iyadh est le fondateur d’Ansar Al-Charia, un groupe djihadiste tunisien proche d’Al-Qaida, accusé d’avoir orchestré en 2013 les assassinats de deux figures de la gauche tunisienne, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ainsi que des attaques contre les forces de sécurité.
Il est également considéré comme l’organisateur de l’attaque, par des membres de son groupe, de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis en septembre 2012, avant une longue plongée dans la clandestinité.
Amnistie générale
Vieux routier de l’islam radical tunisien, Seifallah Ben Hassine, 55 ans, avait rejoint jeune le Mouvement de la tendance islamique, qui a ensuite donné naissance au parti Ennahda. Traqué par la police, il avait fuit le pays vers le Royaume-Uni avant de répondre à l’appel du djihad afghan à la fin des années 1980. C’est là qu’il rencontre Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al-Qaida, et participe à la fondation du Groupe combattant tunisien (GCT). Le GCT est suspecté d’avoir organisé l’attentat perpétré par deux faux journalistes tunisiens qui a coûté la vie au commandant afghan Ahmad Shah Massoud le 9 septembre 2001, deux jours avant les attaques du World Trade Center et du Pentagone.
Arrêté en Turquie en 2003, le djihadiste est extradé vers la Tunisie, où un tribunal militaire le condamne à quarante-trois ans de prison avant de bénéficier de l’amnistie générale décrétée en février 2011, moins d’un mois après la révolution tunisienne. Il fonde dans la foulée le groupe Ansar Al-Charia avec l’idéologue aveugle Al-Khatib Al-Idrissi, l’un des fondateurs du courant salafiste dans le pays.
Profitant du laxisme des forces de sécurité et du gouvernement alors dirigé par Ennahda, Ansar Al-Charia s’impose comme la principale mouvance de l’islamisme radicale en Tunisie et sera à l’origine du départ de milliers de jeunes combattants vers la Libye et la Syrie.
Par Madjid Zerrouky