Le retrait de la course de Michael Bloomberg et son soutien officiel à Joe Biden fait de l’ancien vice-président le seul candidat modéré au sein du camp démocrate. Il avait déjà reçu en début de semaine le ralliement de Pete Buttigieg et d’Amy Klobuchar.
Joe Biden a lancé un message d’unité mercredi 4 mars : il a même appelé les républicains à rejoindre son camp et a soigneusement évité de s’en prendre à son concurrent Bernie Sanders. « La campagne dans ces prochaines semaines ne doit pas tourner en attaques négatives », a-t-il lancé à ses troupes, nous rapporte notre correspondante à Washington, Anne Corpet.
Nous allons rassembler tous les Américains. C’est ce que nous avons fait, ce que nous avons montré hier soir. Quelle que soit votre race, votre genre, votre ethnie, que vous ayez un handicap, que vous soyez démocrate, républicain, indépendant, je le pense sincèrement. C’est ce que nous devons faire pour gagner : unir la nation. C’est pour cela que je suis entré dans la course, pour unir ce pays. Donc nous accueillons tous ceux qui veulent nous rejoindre. Et nous avons besoin que ce mouvement batte Donald Trump et construise un futur que nous savons possible.Je suis particulièrement fier de voir que notre campagne a généré un tel enthousiasme et a conduit les électeurs vers les urnes dans tout le pays. Regardez les résultats ! Regardez les taux de participation ! Nous amenons les électeurs. Cette campagne conduit vers les urnes des électeurs qui ne votaient pas. Et cela prouve pour moi que la vision progressiste et positive que nous proposons à ce pays résonne dans toute la nation. Et ce que nous ne pouvons pas laisser faire dans les prochaines semaines, c’est de laisser cette campagne des primaires tourner en attaques négatives.
Au lendemain de sa victoire au Super Tuesday, Joe Biden veut l'unité
Sanders attend le ralliement d’Elizabeth Warren
Bernie Sanders a également déclaré qu’il ne souhaitait pas que la campagne vire à l’affrontement.
Ce sénateur de la gauche du parti peut espérer le ralliement d’Elizabeth Warren, qui a subi un sérieux revers, puisqu’elle n’a même pas réussi à l’emporter dans son propre État, le Massachusetts. Bernie Sanders lui a passé un coup de fil et a déclaré qu’elle n’avait encore pris aucune décision. « Il faut respecter le temps et l’espace dont elle a besoin », a estimé le sénateur du Vermont.
Bernie Sanders veut centrer sa campagne sur le terrain des idées et a appelé à un débat « à la loyale » avec son concurrent
« Déçu », Sanders fourbit pourtant ses armes.
Pourtant au lendemain de sa contreperformance au Super Tuesday, Bernie Sanders a attaqué Joe Biden. « Évidemment, je suis déçu », dit Bernie Sanders en conférence de presse au lendemain d’un Super Tuesday qui a permis à son rival Joe Biden de lui ravir le statut de favori et le devancer en nombre de délégués, selon notre correspondant à San Francisco, Eric de Salves.
Le candidat socialiste ne désarme pas pour autant et propose un débat télévisé pour se démarquer de son concurrent centriste. « Joe et moi avons une vision très différente de l’avenir de ce pays, a affirmé Bernie Sanders. La campagne de Joe est lourdement soutenue par l’establishment industriel, il est financé par au moins 60 milliardaires. Pensez-vous sérieusement qu’un président qui est soutenu par le monde industriel sera capable d’apporter les changements dont les familles à bas revenus et les classes moyennes ont besoin ? »
Pour séduire les Afro-Américains, Sanders veut surfer sur la nostalgie Obama
Immédiatement, Joe Biden rejette cette étiquette de candidat de l’establishment : « L’establishment, ce sont tous ces travailleurs, cette classe moyenne et ces Afro-Américains ». Ce sont ces derniers qui ont sauvé sa campagne, jusqu’ici moribonde, en votant largement pour lui mardi 3 mars, souvent à plus de 60% et qui ont tant fait défaut à son rival socialiste.
Pour les séduire, la compagne de Bernie Sanders diffuse depuis mercredi 4 mars une vidéo à base d’archives qui le montre aux côtés de Barack Obama. Alors que la nostalgie Obama est l’arme absolue de l’ancien vice-président chez les Afro-Américains, le sénateur du Vermont veut également montrer que la proximité avec l’ancien président n’est pas l’apanage de son concurrent.
Chez les électeurs, « tous sauf Trump » toujours et encore
Alors que le Super Tuesday a signé le retour inattendu de Joe Biden, la question principale pour les électeurs démocrates, voire le casse-tête, reste la même : « qui est le mieux placé pour battre Donald Trump ? »
Au lendemain du Super Tuesday, les équipes de campagnes de Bernie Sanders et de Joe Biden ont déjà plié bagage à Rchmond, en Virginie, rapportent nos envoyés spéciaux, Bertrand Haeckler et Achim Lippold.
Liz, une jeune femme, passe devant l’ancien QG du sénateur du Vermont, non sans regret : « Je suis un peu déçue, j’ai pensé que Bernie allait gagner, mais bon, c’est comme ça, avoue-t-elle. Je pense que contrairement à ce que nous affirmons, beaucoup de jeunes ne sont pas allés voter. J’aimerais vraiment que Bernie remporte l’investiture du parti ! Et si ce n’est pas lui, tant pis : tous sauf Trump ! »
Une devise qui guide aussi Neil Tosey. Alors que ce jeune comédien a soutenu Elisabeth Warren, il penche désormais vers Joe Biden. « Je pense que Joe Biden est la personne avec le meilleur profil politique et j’ai failli voter pour lui. Mais j’ai décidé de suivre ma conscience et mon cœur, raconte-t-il. Mais je soutiendrai bien sûr celui qui sera investi par le parti, pour qu’il puisse virer Donald Trump de la Maison Blanche. »
Pas de remords après le désistement de Bloomberg
Chez les électeurs démocrates rencontrés mercredi 4 mars, pas de regret que Michael Bloomberg ait jeté l’éponge. Pamela Margeaux, qui a voté pour Joe Biden, n’a pas apprécié la campagne du milliardaire new-yorkais. « Je ne pense pas que soit un bon exemple pour les États-Unis, critique-t-elle. Qu’un candidat puisse s’acheter comme ça une campagne électorale en vue de devenir président. Mais peut-être Joe Biden va bénéficier financièrement du fait que Michael Bloomberg est sorti de la course ».
Pamela Margeaux serait aussi prête à soutenir Bernie Sanders, s’il le faut, même si elle le trouve trop à gauche : l’objectif majeur reste de récupérer la Maison Blanche.