Le360 Afrique - Ismail Ould Cheikh Ahmed, actuel ministre des Affaires étrangères mauritanien, est pressenti au poste d’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, après l’échec de l’Algérien Ramtane Lamamra. Ce haut fonctionnaire international mauritanien a déjà occupé plusieurs postes au sein du système onusien.
Après le refus catégorique des Etats-Unis de valider la candidature de l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, comme envoyé spécial en Libye, un revers diplomatique pour Alger, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fait du mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed son favori occuper ce poste vacant depuis la démission de Ghassan Salamé.
C’est ce que révèle Africa Intelligence, soulignant qu'«Antonio Guterres a fait savoir à ses principaux conseillers sa préférence pour l’actuel ministre des Affaires étrangères mauritanien, Ismail Ould Cheikh Ahmed».
Diplomate de carrière, le Mauritanien, qui occupe depuis 2018 le poste de ministre des Affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, connaît bien les arcanes des Nations Unies et les négociations difficiles dans les zones de conflits, particulièrement au niveau du monde arabe pour avoir été, durant trois ans, envoyé spécial de l’ONU au Yémen et avoir déjà travaillé sur le dossier libyen.
Bien que ould Cheikh Ahmed ne se soit pas encore porté candidat au poste d’envoyé spécial à l’ONU, cet habitué des missions impossibles pourrait faire l’affaires de toutes les parties prenantes au conflit. Et ce d’autant plus qu’il connaît bien le dossier libyen pour avoir été le numéro 2 de la mission onusienne en Libye de 2014 à 2015 en secondant Tarek Mitr, puis Bernardino Leon.
En outre, le diplomate mauritanien connaît bien les arcanes de l’ONU pour être passé dans de nombreux démembrements de l’institution dont le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Unicef où il garde de bons souvenirs et de nombreuses relations.
Ainsi, et contrairement à l’Algérien Lamamra, qui ne faisait pas l’unanimité au sein du monde arabe et des pays voisins de la Libye, le diplomate mauritanien a plus de chance d’occuper ce poste. D’abord, la Mauritanie n’étant pas un pays frontalier avec la Libye, le pays a gardé ses distances envers les deux protagonistes du conflit, le gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU et les dirigeants de l’Est libyen sous la houlette du maréchal Haftar.
En outre, le Mauritanie entretient de bonnes relations avec toutes les parties prenantes directement et indirectement au conflit libyen –Emirats-Arabe Unis, Turquie, Egypte, Arabie Saoudite, Qatar, etc.- et il est très peu probable qu’une des cinq puissances disposant de droit de veto à l’ONU s’oppose à cette candidature.
De même, il est fort probable que la candidature du mauritanien puisse faire l’unanimité au niveau des pays du Maghreb qui sont aussi très regardants quant à l’évolution de la situation en Libye.
Reste que le ministre des Affaires étrangères mauritanien n’est pas encore candidat au poste. Toutefois, le président mauritanien, Mohamed Cheikh ould Ghazouani étant lui même très engagé pour une solution africaine au conflit libyen, verra certainement d’un bon œil que son ministre des Affaires étrangères prenne en main ce dossier.
En tout cas, le dossier libyen est très complexe, même pour un diplomate de carrière du fait de l’imbrication de nombreuses puissances aux intérêts différents dans ce conflit.
A cela s’ajoute aussi la division du monde arabe entre ceux qui soutiennent directement le gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU et ceux qui soutiennent le maréchal Haftar qui occupe l’Est libyen.
Ce qui rend toute solution à ce conflit encore plus difficile à trouver. Est-ce suffisant pour décourager Ismail Ould Cheikh Ahmed à accepter ce défi?
Par Moussa Diop