RFI
Plus de la moitié de la population mondiale est présente sur les réseaux sociaux, révèle une étude publiée mardi 21 juillet. Un phénomène en partie influencé par la crise sanitaire liée au Covid-19.
Provoquant des mesures de confinement ou de distanciation sociale, la pandémie mondiale de Covid-19 a totalement bouleversé nos relations et nos échanges avec les autres. L’impossibilité de sortir de chez soi ou les difficultés pour se rassembler ont poussé le monde entier à trouver d’autres moyens d’échanger. Et cela s’est en partie réalisé à travers une utilisation accrue des réseaux sociaux.
Plus de la moitié de la population mondiale est désormais présente sur les réseaux sociaux, soit 3,96 milliards de personnes, révèle le Digital 2020 Global Statshot. Il confirme ainsi une tendance à la hausse depuis plusieurs années : les réseaux sociaux sont de plus en plus présents dans nos interactions sociales.
Garder le contact au temps du Covid-19
Durant l’année passée, « le nombre d'utilisateurs dans le monde a augmenté de plus de 10% au cours des 12 derniers mois, avec une moyenne de plus d'un million de personnes commençant à utiliser les médias sociaux pour la première fois chaque jour », soit près de 12 nouveaux utilisateurs par seconde, nous apprend le rapport. Un constat en partie dû à la pandémie mondiale de Covid-19. Confinement et règles de distanciation sociale oblige, les rapports humains se sont vu profondément remodelés avec la crise sanitaire.
Avec le coronavirus, plus d’un jeune de 18 à 24 ans sur deux admettent avoir davantage utilisé les services de messagerie en ligne. En moyenne, 43% des utilisateurs mondiaux rapportent s’être connectés plus longtemps aux médias sociaux à cause du Covid-19. Un phénomène marquant particulièrement les Philippines (64%), l’Inde (59%), l’Afrique du Sud (55%) ou le Brésil (54%). Beaucoup de jeunes se sont notamment lancés dans des directs, des lives sur les réseaux sociaux pour maintenir le lien avec leur communauté ou avancer sur leurs projets. Des stars ont également participé pour rester en contact avec leur public, propulsant ainsi certaines applications, comme TikTok – une application chinoise permettant de créer des courtes vidéos – sur le devant de la scène. Elle talonne désormais de près l'application Instagram.
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Outre la consommation, les comportements ont également évolué. Si le rapport montre que « rester en contact avec les amis et la famille est toujours un facteur de motivation principal », de plus en plus, les réseaux sociaux sont utilisés « pour faciliter d’autres types d'activités ». Ainsi, plus de 80% des personnes rapportent que les technologies connectées à Internet les ont aidées à faire face à la pandémie. Elles leur ont notamment permis « de soutenir l'éducation de leurs enfants (76%), de rester en contact avec leurs amis et leur famille (74%), et même (d’améliorer) leur santé mentale et leur bien-être (43%) ». En Russie par exemple, des défis artistiques ont fait le buzz sur les réseaux sociaux pendant le confinement, une manière de se divertir alors que le monde est à l’arrêt. Au niveau mondial cependant, « se tenir au courant des actualités et des affaires courantes » est le plus grand facteur de motivation pour l'utilisation des médias sociaux.
Évolution des comportements
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L’épidémie de Covid-19 a également été pour les internautes le moment de faire des découvertes et de s’essayer à de nouvelles plateformes. Aujourd’hui, un utilisateur lambda est généralement membre de 9 applications différentes, un chiffre en hausse. « Ce nombre aura probablement été soutenu par les activités des gens lors de la récente vague de verrouillages de coronavirus », rajoute l’étude.
L’impact pourrait donc être conséquent sur les pratiques et habitudes des internautes. Parmi les personnes dont les comportements sur les réseaux ont évolué ces derniers mois, nombreuses sont celles qui comptent les conserver une fois le Covid-19 disparu. Utilisation accrue de services de streaming (vidéo et musical), échanges via les réseaux sociaux ou encore pratique du jeu vidéo et création de vidéos sont donc influencés par la période inédite engendrée par le coronavirus. La manière de travailler pourrait également être influencé, 27% des interrogés veulent voir le télétravail se répandre.
Le développement des réseaux sociaux s'accélère mais les inégalités demeurent
Malgré tous ces chiffres montrant l’expansion des réseaux sociaux dans le monde, une constance prédomine : les inégalités. Si des régions comme l’Amérique du Sud, l’Europe ou encore l’Asie du Sud-Est et l’Afrique du Nord voient leur taux d’utilisation des réseaux sociaux varier entre 57% et 82%, dans d’autres régions, il dégringole. En Afrique de l’Est ce taux est de seulement 14%, supérieur à celui de l’Afrique centrale de seulement 2 points. En Asie du Sud, il atteint faiblement 36%. La géographie a donc un impact considérable.
À l’intérieur de ces inégalités régionales se cache un autre phénomène : les inégalités femmes-hommes. « Une fracture entre les sexes », selon l’étude qui pointe également que « les femmes sont sous-représentées en Afrique, où elles représentent moins de 2 utilisateurs sur 5 des médias sociaux de la région ». Le continent n’est pas le seul dans le cas, dans la totalité des régions d’Asie, le nombre de femmes utilisant les médias sociaux est inférieurs à celui des hommes. En Asie du Sud notamment, seules 25% des femmes sont connectées aux réseaux sociaux, contre 75% des hommes. Dans le reste du monde, que ce soit en Amérique, Océanie ou en Europe, le taux de femmes est supérieur à celui des hommes. « Il y a des signes encourageants que ce fossé entre les sexes se resserre, note toutefois l’étude, notre analyse indique que le ratio mondial des médias sociaux est passé de 45:55 (femmes / hommes) au début de 2020 à 46:54 aujourd'hui ».