Aux Etats-Unis, début d'une campagne de vaccination sans précédent

lun, 14/12/2020 - 18:42

 

Libération - Les premières doses du vaccin développé par Pfizer, autorisé vendredi aux Etats-Unis, commencent à être livrées dans le pays. Ces dernières semaines, les Américains font face à une explosion des cas de coronavirus.

Réfrigérées, emballées, étiquetées. Le premier camion chargé de doses de vaccins a quitté Kalamazoo, dans le Michigan, très tôt dimanche matin. Dans les prochains jours, ce sont trois millions de doses de BNT162b2, nom scientifique du produit développé par le laboratoire américain Pfizer pour faire face à l’épidémie de Covid-19, qui doivent être livrées à travers tous les Etats-Unis.

Vendredi, le vaccin avait obtenu le feu vert de la Food and Drug Administration (FDA) autorisant son déploiement d’urgence. Donald Trump avait affirmé dans la foulée que les premières injections interviendraient dans les vingt-quatre heures, prenant un peu d’avance.

Cette première phase de distribution lance la plus grande campagne de vaccination américaine jamais connue. Le défi logistique, organisé par le gouvernement fédéral, est sans précédent : le vaccin doit être conservé sans interruption à une température extrême de -70 degrés. Des camions FedEx et UPS sont mobilisés pour livrer 145 établissements de santé dès ce lundi, puis 500 autres mardi et mercredi.

750 000 doses fabriquées en Europe ont déjà atterri à Chicago durant la semaine de Thanksgiving, rapporte le Washington Post. Les centres installés en urgence dans les hôpitaux recevront le matériel nécessaire pour assurer la vaccination – seringues, combinaisons et masques livrés avec les doses. Mais certains dirigeants des Etats, chargés d’organiser la campagne, déplorent un manque de soutien financier.

Les premières doses réservées aux soignants

Dès ce lundi, les premiers personnels soignants recevront leur première injection – le vaccin en nécessite deux pour que le patient soit immunisé. Viendront ensuite les résidents des maisons de retraite, dès la semaine prochaine, une recommandation entérinée samedi par le centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), l’agence fédérale de protection de la santé publique.

Les membres les plus âgés du staff présidentiel devraient également compter parmi les premiers destinataires du vaccin, selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, dimanche. Mais plus tard dans la nuit, Donald Trump a tweeté le contraire : «Le personnel de la Maison blanche recevra le vaccin plus tard dans le programme sauf si nécessaire», a affirmé le Président, précisant qu’il ne ferait pas partie des premiers patients à être injectés.

Le déploiement du vaccin doit permettre aux Etats-Unis, qui font face à une explosion des cas de coronavirus depuis un mois et demi, de vaincre l’épidémie. Le virus a déjà provoqué la mort de près de 300 000 personnes, selon les chiffres de référence de l’université Johns-Hopkins. Le seuil des 100 000 contaminations par jour a été franchi le 4 novembre et le nombre de nouveaux cas quotidiens a crû presque continuellement depuis. Malgré le vaccin, l’épidémie devrait continuer à progresser. La semaine dernière, les autorités sanitaires faisaient part de sombres perspectives pour les prochaines semaines et anticipaient 100 000 à 150 000 morts supplémentaires avant fin février.

18% des Américains «totalement sûrs» de ne pas se faire vacciner

Cette campagne de vaccination massive devrait durer jusqu’en juin. Pour atteindre l’immunité collective, 70% à 80% de la population, qui compte 328 millions d’habitants, doit être vaccinée . «Nous aurons vacciné 100 millions de personnes à la fin du premier trimestre de 2021, avec deux doses de vaccins», a annoncé, dans une interview à Fox News, Moncef Slaoui, le «monsieur vaccin» de la Maison blanche, à la tête de l’opération «Warp Speed» («vitesse de l’éclair»), le nom de cette opération de grande ampleur de production et distribution du vaccin contre le Covid.

Mais c’est sans compter sur la difficulté de convaincre les plus sceptiques. Si une majorité d’Américains se disent à présent prêts à se faire vacciner, 21% demeurent «presque sûrs» et 18% «totalement sûrs» de ne pas vouloir s’y plier, selon une étude du Pew Research Center. Une grande campagne publique, à 250 millions de dollars, va être lancée cette semaine pour inciter les Américains à accepter le vaccin, mais les incertitudes politiques, alimentées par Donald Trump, ont installé un climat de défiance qui pourrait jouer sur la capacité du gouvernement à convaincre.

Justine Daniel