Un vieux rêve endormi !

mer, 02/07/2025 - 17:18

 
Au lendemain de mon admission au  fameux concours d'entrée en 6ème en 1975 à Akjoujet , une grande  dame éveillée   avec laquelle j'ai des liens de proche parenté, me conseilla de faire ,  dans le futur,  le métier d'avocat.
  Ce n'était pas la première  fois que j'entende  parler de ce vocable qui sentait un parfum de modernité car , déjà au CM1 , Monsieur Samassa avait simulé un procès dans lequel j'ai joué  le rôle d'avocat d'un client impliqué dans une affaire dont je ne me souviens plus.  L'année suivante , revenu de Boutilimit  pour passer les grandes vacances chez moi ,  Le regretté Aziz wane , enseignant des générations , bien aimé et connu des Akjoujtois , devait faire jouer A Atar la célèbre pièce de théâtre intitulée " l'esclavage n'est il pas aboli ? " écrite par le regretté doyen Mohamed Said ould Hamody , pièce  que nous avons eu à   repeter à plusieurs reprises dans la maison des jeunes d'akjoujet.  Malheureusement , au cours de ma représentation de la pièce à Atar , les principaux rôles étaient déjà répartis. Je devais me contenter du rôle d'huissier pour annoncer l'entrée de la cour  présidée par mon ami Md Abdel Allahi Beidara .en criant à haute voix " la cour ! La cour ! . Le rôle d'avocat défenseur des esclaves était assuré , brillamment d'ailleurs, par Monsieur Aziz wane lequel récitait, pour l'occasion, l'une des plus  magnifiques plaidoiries anti esclavagistes . 
Quelque années plus tard à Nouakchott, j'avais intégré dans les passions de mon temps libre , l'obsession de ne pas rater les  audiences des tribunaux.
C'était au temps où, avec mes amis   on allait au palais de la justice, comme si on allait au cinéma.
Mon orientation après le bac à la faculté de sciences juridiques dont le projet venait d'être implanté au cœur de l'école nationale d'administration, attisa ma passion pour le droit , et , notamment, pour le métier d'avocat..
Les grands procès de la cour spéciale de justice issue de l'instauration du régime d'exception consécutif au coup d'état du 10 juillet 1978 , qui se tenaient , au début des années 80 , à la maison des jeunes ont été, pour nous autres cowboys de la naissante  faculté de Droit , autant de séances de travaux pratiques.
Major de cette première promotion dont je n'étais pas le meilleur,  j'avais eu droit à l'unique bourse offerte par l'Etat mauritanien pour poursuivre des études de troisième cycle en France. 
Ce séjour n'était pas de nature à tempérer mon ardeur pour le métier d'avocat. 
 Au contraire les grands débats juridiques et judiciaires de l'époque ont réveillé le démon de la défense des grandes causes qui m'habite depuis ma prime jeunesse .
De retour en vacances fin 1987  , avec un DEA d'études approfondies en droit privé ( équivalent ou remplaçant de l'ancien doctorat troisième cycle)et une attestation sur l'avancement des mes travaux de thèse ( hélas inachevée ) pour l'obtention du doctorat des universités,  j'ai été,, sur la base d'une prise en charge du bâtonnier hamdi ould Majdhoub , admis comme stagiaire dans son prestigieux cabinet associé avec son intime ami. le bâtonnier yacoub Diallo ..
A la veille de la prestation du serment  (ultime formalité pour être admis à la noble profession d'avocat) et au moment où j'assistai à  la base militaire de jreida , au procès des auteurs d'une tentative de coup d'état avortée, j'ai appris mon admission à un concours pour le recrutement par le port autonome de Nouakchott, d'un conseiller juridique 
J'ai alors informé l'honorable bâtonnier  Yacoub Diallo de mon nouveau statut fondé sur un lien de subordination incompatible avec l'exercice du métier d'avocat. 
Mais à l'époque, j'avais négligé d'achever les formalités requises par la prestation de serment et d'obtenir ainsi le titre d'avocat pour m'en servir de ce que de droit , le jour où je serai libéré des contraintes liées à des fonctions administratives ou politiques. 
Cette négligence qui ne devrait , en aucun cas  ,être invoquée comme prétexte pour faire jouer  une prescription de mon droit acquis d'intégrer la profession d'avocat , a été réparée , en août 2023 , par  la cour suprême auprès de laquelle, j'ai été  agréé en tant qu' avocat  en  prêtant le serment de dire le  droit ,  toujours le Droit   rien que le Droit! 

Maître Abdel Kader Mohamed Ahmedou