La transplantation rénale en Mauritanie : une libération pour les dialysés

 

 

Longtemps, les patients en dialyse de notre pays ont vécu dans une détresse silencieuse. Leur vie, déjà marquée par la souffrance de la maladie, était aggravée par des conditions inacceptables : un marché de la dialyse confisqué par des intérêts mercantiles, des machines vétustes et sans entretien, l’absence totale de maintenance technique et, plus cruel encore, l’impossibilité d’offrir aux enfants des kits adaptés à leur fragilité.

Cette situation constituait une véritable prise en otage de malades vulnérables, condamnés à dépendre de commerçants qui ne voyaient en eux qu’une source de profit.

Un premier tournant est apparu en 2021 lorsque, sous l’impulsion présidentielle, ces patients ont été placés au centre d’une politique publique : instauration de salaires mensuels, gratuité des médicaments et prise en charge des frais de dialyse. Cette reconnaissance de leur dignité a ouvert la voie à une nouvelle espérance.

Aujourd’hui, avec la réalisation effective de la transplantation rénale en Mauritanie, nous franchissons une étape historique. Il ne s’agit pas seulement d’un progrès médical : c’est une véritable décolonisation des dialysés, une libération après des années d’asservissement aux logiques marchandes.

Je rends hommage au Dr Abdel Latif et à mes confrères néphrologues, qui ont porté avec conviction et constance ce rêve collectif. Leur engagement est un exemple de fidélité à l’idéal médical .

Mais la lutte n’est pas achevée. Il nous reste à libérer l’ensemble de notre système de santé de l’emprise de ces « commerçants de la mort » qui ont trop longtemps transformé la douleur en marché.

La transplantation rénale, désormais réalité en Mauritanie, ouvre une ère nouvelle : celle de la dignité retrouvée et de l’espoir vivant.

Naha Haroun Cheikh Sidiya