Ambiance tendue au premier jour du procès de Trump au Sénat

mer, 22/01/2020 - 00:59

lefigaro.fr

Le procès du président américain a débuté mardi après-midi par un âpre débat entre démocrates et républicains autour des règles du procès.

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Le Sénat américain, mardi 21 janvier, lors du procès contre Donald Trump. HANDOUT/REUTERS

Correspondant à Washington,

Pour le premier jour de cette session peu ordinaire, les sénateurs avaient dû laisser leurs téléphones portables au vestiaire. La séance, présidée par le Chief Justice John Roberts, premier juge de la Cour Suprême, a commencé par tout le cérémonial qui accompagne le procès du président devant la chambre haute du Congrès. «Oyez, oyez, toute personne doit garder le silence, sous peine d’emprisonnement», a clamé le Sergent at Arms, chargé de faire respecter l’ordre et le protocole.

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Puis le président du Sénat, le républicain Mitch McConnell, a ouvert la séance. C’est lui qui a fixé les règles d’un procès rapide. Selon ces règles, l’accusation, représentée par les sept Impeachment Managers nommés par la Chambre, et dirigée par le représentant Adam Schiff, et la défense, assurée par les avocats de Trump, et dirigée par Pat Cipollone, auront chacune 24 heures pour présenter leurs arguments, répartis sur trois jours. Au terme de ces débats, les sénateurs devront voter individuellement sur chacun des deux chefs d’accusation dont doit répondre le président: abus de pouvoir, pour avoir fait pression sur l’Ukraine pour assurer sa réélection, et obstruction au Congrès, pour avoir refusé de coopérer avec l’enquête de la Chambre des représentants.

Vous devez laisser l’accusation comme la défense citer des témoins.

Adam Schiff, représentant de l’accusation

Les délais sont moins expéditifs que précédemment annoncé. McConnell avait laissé entendre la veille que chaque partie ne disposerait que de deux jours, gagnant au passage le nouveau surnom de «Minuit Mitch», et accusé de faire en sorte que le procès se déroule au milieu de la nuit. Mais il n’a pas retenu les demandes du chef des Démocrates au Sénat, Chuck Schumer, qui réclamait que des témoins soient cités à comparaître et la Maison-Blanche obligée de fournir les documents relatifs à l’affaire de l’Ukrainegate, qu’elle avait jusqu’à présent refusé de transmettre.

«Il est temps de commencer ce procès», a dit Pat Cipollone, en acceptant ces règles. «Le président n’a rien fait de répréhensible, et les articles de destitution ne s’approchent même pas de loin à ce que requiert la constitution. Le dossier n’existe pas».

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Mais les Impeachment Managers démocrates sont d’emblée opposés à la motion de McConnell. Dans un long discours, qui ressemblait à la lecture de l’acte d’accusation, Adam Schiff, qui dirige l’accusation, a expliqué ses raisons. «Si vous ne laissez qu’à un seul camp la possibilité de présenter son cas, ce n’est pas un procès équitable ; ce n’est même pas un procès. Si l’accusation ne peut pas présenter des témoins… c’est une parodie de procès».

«Vous devez laisser l’accusation comme la défense citer des témoins, demander la production des documents que le président a refusé de communiquer… Les témoins doivent comparaître. Pourquoi ne pas entendre les témoins comme John Bolton, Mick Mulvaney?», a demandé Schiff. Pour appuyer sa demande, il a montré un enregistrement où Trump se disait favorable à leur comparution.

Le précédent Clinton

Schiff a aussi les précédents procès de destitution, où des témoins avaient été cités à comparaître, comme celui d’Andrew Johnson en 1868, et surtout celui de Clinton en 1999, «où tous les témoins ont été interrogés», et «même le président Clinton, devant une caméra et sous serment». «Ici, aucun!» «Il y a beaucoup de raisons pour voter contre cette résolution: l’équité. Envers la Chambre, mais aussi le président… et envers le peuple américain qui mérite la vérité», a conclu Schiff.

Donald Trump, comme pour manifester son dédain pour une procédure qu’il dénonce depuis le début comme une manœuvre politicienne, n’était pas présent à Washington, mais en Suisse, au sommet de Davos. Indiquant qu’il suit quand même attentivement le procès, le président n’a pas pu résister à envoyer à l’adresse de Schiff un message sur Twitter: «LISEZ LES TRANSCRIPTIONS!»

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Pat Cipollone a contre-attaqué, mettant en cause la façon dont Schiff a mené l’enquête, «dans les salles souterraines du Congrès», «sans que le président ou ses représentants» n’aient eu accès au dossier. «Les informations ont été soigneusement fuitées, les témoins menacés», et «le président n’a pas été autorisé à produire des témoins».

«Puis après toutes ces annonces, ils n’ont pas de dossier. Ces articles ne sont pas seulement ridicules, ils sont dangereux pour notre République», a dit Cipollobe. «Que faisons-nous ici?». Les Démocrates «arrivent en accusant le président des États-Unis, puis demandent d’avoir plus d’éléments pour leur dossier? Si je fais ça dans une cour ordinaire, le juge me met dehors». «Ce que nous avons est-ce qui était le pire cauchemar des rédacteurs de la Constitution: un procès partisan. Ils sont là pour voler non pas une mais deux élections. Ils demandent au Sénat d’attaquer l’un des droits les plus sacrés des Américains, celui de choisir leur président», a dit Cipillone.

Les débats devraient se poursuivre dans les prochains jours. Ils pourraient durer jusqu’à la fin de la semaine prochaine, mais devraient être terminés avant le discours annuel du président sur l’État de l’Union, prévu le 4 février prochain. Pendant ce temps, aucun sénateur démocrate, dont trois sont candidats à l’investiture pour l’élection présidentielle, ne pourra faire campagne dans l’Iowa où sera donné le coup d’envoi des primaires.

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