Très attendu par la population, ce premier scrutin en quinze ans, prévu le 22 mai, menaçait d’échapper au contrôle du président de l’Autorité palestinienne.
Par Louis Imbert(Ramallah, envoyé spécial)
Publié le 30 avril 2021 à 11h10
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Le 29 avril, à Hébron, en Cisjordanie, retransmission télévisée du discours du président palestinien Mahmoud Abbas annonçant le report des élections législatives prévues le 22 mai. HAZEM BADER / AFP
A la veille de l’ouverture de la campagne pour les premières élections législatives palestiniennes depuis quinze ans, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a sifflé la fin de la partie. Le scrutin, prévu le 22 mai, est renvoyé aux calendes grecques, sans date alternative. Autant dire enterré. Très remonté, le raïs avait laissé peu de doute, jeudi 29 avril dans la soirée, avant une réunion de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui a entériné son choix.
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M. Abbas renvoie la faute sur Israël, qui refuse de se décider à laisser les élections se tenir dans la partie orientale de Jérusalem, occupée et annexée après la guerre de 1967. Le scrutin est reporté « jusqu’à ce que notre peuple puisse exercer ses droits démocratiques à Jérusalem », a conclu M. Abbas, blâmant Washington et semblant moquer les Européens pour leur manque de détermination à faire pression sur l’Etat hébreu.
Le raïs, âgé de 86 ans, avait annoncé ce scrutin en janvier, afin de relégitimer son autorité. Il l’avait défendu depuis lors, en dépit des pressions de son entourage. Mais le processus a fini par échapper à son contrôle. « M. Abbas donne à Israël un droit de veto sur les élections palestiniennes », soupirait, dès jeudi, Mustafa Barghouti, candidat indépendant, qui a œuvré depuis deux ans à rapprocher les frères ennemis du Fatah et du Hamas pour rendre ces élections possibles. En pure perte.
Un simulacre de consensus
La réunion de 13 factions palestiniennes, jeudi soir, s’est tenue sans le Hamas. Donnés en tête dans les sondages, mais sans majorité absolue, les islamistes ont refusé de se prêter au jeu. « Le Fatah et le président palestinien portent l’entière responsabilité de la décision, et de ses conséquences, qui représente rien moins qu’un coup d’Etat contre notre accord [de réconciliation] », a commenté, vendredi, le mouvement. Parmi les présentes, trois factions seulement avaient pu réunir assez de partisans pour présenter une liste aux électeurs. Les autres ne sont plus que des coquilles vides : elles offrent à M. Abbas un simulacre de consensus et maintiennent leurs prébendes.
« Il est vite apparu que ce scrutin n’était qu’un accord de partage du pouvoir entre Fatah et Hamas », la politologue Nour Odeh, membre d’une liste dissidente du Fatah
Pour M. Barghouti, Mahmoud Abbas a cru, un temps, à la viabilité d’une liste unie du Fatah et du Hamas, qui aurait effacé toute surprise électorale. « Quand ce projet s’est écroulé, Abbas a fait son deuil du scrutin », estime-t-il. Pour d’autres, ce sont les divisions internes du Fatah, portées à incandescence avec la formation de deux listes dissidentes, qui ont scellé l’affaire.
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