Avec ce début de la saison pluviale, c’est par milliers que les habitués de la badiya se rendent en famille dans les régions de l’intérieur du pays en quête de paysages luxuriants dans des endroits champêtres d’alpages, de mares, de cours d’eau et de sites merveilleux de villégiature pour le loisir, le divertissement et le repos après les désagrément de la ville
À chaque nouvelle saison et avec la fin de l’année scolaire, des milliers de familles prennent généralement la direction de localités dont elles sont généralement originaires. Arrivées dans ces endroits situés parfois à des centaines de kilomètres de leur lieu de résidence officiel, elles portent leurs choix pour s’installer en toute tranquillité au milieu de paysages féériques dont le charme et le pittoresque font oublier le tumulte, l’insalubrité et l’atmosphère pesante des cités urbaines.
C’est une tradition à laquelle les Mauritaniens se sont habitués depuis la création de l’État moderne. En fait ils demeurent nomades dans l’âme, délaissant leurs villas cossues et climatisées leur préférant ces aires ensoleillées et venteuses dans lesquelles ils plantent leurs tentes ouvertes sur les quatre côtés, dans de grands espaces que ne limite que l’horizon.
Saison festive par essence, l’hivernage est une opportunité pour des rencontres entre parents et amis qui se sont souvent perdus de vue plusieurs mois de l’année. Il est, aussi, l’occasion d’évènements sociaux heureux, de fêtes, de réjouissances et de partage.
Les journées et les nuits dans la badiya s’égrènent au rythme du thé, du méchoui, du couscous et du Zrig, les journées sont émaillées de diverses réjouissances collectives : de jeux à la carte, de séances de tir à la cible et du traditionnel jeu de sig auquel s’adonnent des groupes de femmes que la concurrence rend bruyantes.
L’arrivée de tout nouveau venu est un évènement, une occasion pour festoyer autour d’un méchoui royal, de partager les informations et d’enclencher une série d’invitations.
La badiya d’aujourd’hui n’est plus le vrig d’antan que l’on rejoint à dos de dromadaire. Elle a perdu de son naturel et de sa simplicité. L’intérieur des tentes est souvent richement décoré, le dromadaire a cédé la place aux voitures rutilantes, la cuisine se fait au gaz, les produits des épiceries sont légion et la connexion internet sape les rapports sociaux du groupe.
Une badiya connecté, une badiya 2.0 ! Voilà ce qu’est devenue aujourd’hui notre chère badiya.
Nous l’avons outrageusement dénué de son âme, de son sens, de son calme de sa vocation première et de sa simplicité légendaire. Mais elle continue d’exercer irrésistiblement sur nous cette forte attractivité et nous procure cette irréfragable sensation de bien-être et, surtout de nous donner l’occasion de nous ressourcer.