Le Président de la République au Sommet de l’Union africaine : “Je termine mon mandat avec la conviction profonde que l’Afrique a les moyens de réaliser les objectifs de l’Agenda 2063”

sam, 15/02/2025 - 12:58

Son Excellence le Président de la République et Président de l’Union africaine (UA), Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a souligné ce samedi dans son discours devant la 38ème session ordinaire du sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba qu’il termine mon mandat avec la conviction profonde que l’Afrique a les moyens de réaliser les objectifs de l’Agenda 2063.

Il transmet la présidence de l’UA à Son Excellence M. João Lourenço, Président de la République d’Angola à qui il renouvelle ses vœux de succès.

Voici le texte intégral du discours de Son Excellence le Président de la République, Président de l’Union africaine :

“Leurs Excellences et Altesses, Chefs d’État et de Gouvernement ;

Son Excellence le Secrétaire général des Nations Unies ;

Mesdames et Messieurs les Ministres ;

Son Excellence le Président de la Commission de l’Union Africaine ;

Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations ;

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs ;

Mesdames et Messieurs, nos honorables invités ;

Je souhaite tout d’abord exprimer mes sincères remerciements au gouvernement et au peuple éthiopiens pour les mesures prises afin de faciliter l’organisation rigoureuse de notre sommet et pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse dont nous bénéficions toujours dans cette ville historique, berceau de notre organisation. Cette dernière incarne l’expression institutionnelle suprême des aspirations des Pères fondateurs et des peuples africains à une Afrique unie, sûre, stable et prospère.

J’aimerais également renouveler mes remerciements à mes frères, Chefs d’État et de Gouvernement africains, pour l’honneur qu’ils m’ont fait en me confiant la présidence de l’Union Africaine au cours de l’année écoulée. J’apprécie profondément leur soutien indéfectible et leur accompagnement constant tout au long de l’exercice de cette noble mission. J’adresse aussi mes sincères remerciements aux Princes, Chefs d’État et de Gouvernement, ainsi qu’aux organisations internationales qui, sur notre invitation, ont bien voulu assister à cet événement annuel marquant le début de l’année 2025, une année porteuse de nombreuses incertitudes, préoccupations et interrogations.

Leurs Excellences, Mesdames et Messieurs,

Nous avons pris la présidence tournante de l’Union Africaine dans un contexte international et continental d’une extrême sensibilité et complexité. Toutefois, ce mandat a également coïncidé avec l’adoption de notre deuxième plan décennal dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2063. Ce plan constitue le cadre général des programmes de développement à moyen terme des États membres, des Communautés économiques régionales et des différentes institutions de l’Union Africaine.

L’adoption de ce plan décennal illustre clairement notre détermination collective à réaliser les aspirations de nos peuples pour l’Afrique que nous voulons, malgré les nombreux obstacles et défis, aussi immenses soient-ils. J’étais pleinement conscient, dès ma prise de fonction, de l’ampleur de la mission et de la délicatesse de la conjoncture.

Aujourd’hui, notre monde est marqué par une recrudescence des crises de toutes sortes, un élargissement des foyers de tensions et une multiplication des conflits qui ont profondément ébranlé les relations internationales ainsi que les valeurs et principes ayant fondé l’ordre mondial depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Après une période d’accalmie et de renforcement des organisations internationales, où l’on croyait en un monde plus pacifique, les repères se sont effondrés et les espoirs se sont évanouis progressivement, tandis qu’une reconfiguration du système international est en cours, sans que ses contours et ses implications ne soient encore clairement définis.

Depuis plusieurs années, le monde est malheureusement confronté à une effusion continue de sang, laissant de nombreuses populations dans des situations humanitaires urgentes. La planète a atteint un niveau de violence et de barbarie inédit depuis la Seconde Guerre mondiale, et la situation en Palestine occupée en est l’illustration la plus flagrante.

Ce tableau mondial déjà sombre est encore plus assombri par les conflits, la violence, l’extrémisme et le terrorisme qui ravagent notre continent africain. Ces crises, qu’elles soient d’ordre continental ou international, ont un impact négatif profond sur nos efforts de développement. L’Afrique fait face à de nombreux défis structurels : pauvreté, chômage, fragilité des systèmes de santé et d’éducation, faiblesse des infrastructures économiques, sans oublier les effets dévastateurs du changement climatique et la persistance des conflits armés qui sapent la paix, la stabilité et le tissu social de nos sociétés.

Lors de la 37ᵉ session de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine, nous avons pris l’engagement de faire face à ces défis avec détermination.

Ainsi, tout au long de notre mandat, nous avons œuvré dans le strict respect des règles de l’Union, en parfaite coordination avec la Commission, les Communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux, pour renforcer les efforts de paix et promouvoir des solutions négociées aux conflits. Nous avons soutenu, par exemple, les initiatives louables menées par Son Excellence Denis Sassou N’Guesso à la tête du Comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye. Nous avons également maintenu un dialogue constant avec Leurs Excellences Paul Kagame et Félix Tshisekedi en vue de mettre fin aux violences en République Démocratique du Congo. De plus, la République Islamique de Mauritanie a accueilli, le 18 décembre 2024, la troisième réunion consultative pour renforcer la coordination des initiatives de paix au Soudan, et nous avons reçu à Nouakchott, les 13 et 14 janvier 2025, le Général Abdel Fattah al-Burhan, Président du Conseil de Souveraineté du Soudan, pour discuter de la nécessité de mettre un terme aux violences dans ce pays et de préserver l’unité et l’intégrité de son territoire.

Leurs Excellences, Mesdames et Messieurs,

Nous avons également accordé une attention particulière à l’agenda du développement en mobilisant des financements conséquents pour répondre aux besoins croissants du continent. Nous avons organisé, en avril 2024, avec Son Excellence William Ruto, le Sommet de Nairobi en soutien à la 21ᵉ reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA). Ce plaidoyer a été renforcé lors du sommet économique d’Abidjan en octobre 2024, aux côtés de Son Excellence Alassane Ouattara.

Ces efforts ont permis de mobiliser un niveau inédit de financement, atteignant 100 milliards de dollars. Nous avons également obtenu une augmentation significative des financements de la Corée en faveur de l’Afrique, qui sont passés de 5,5 milliards de dollars à 10 milliards de dollars, en plus de 14 milliards destinés au soutien aux entreprises investissant sur le continent. Par ailleurs, lors du Forum sino-africain, la Chine a annoncé l’allocation de 50 milliards de dollars pour le développement de l’Afrique.

Dans le cadre de la souveraineté alimentaire, nous avons organisé des sommets exceptionnels à Nairobi en mai 2024 sur la santé des sols et les engrais, et à Kampala en janvier 2025 sur la résilience des systèmes agroalimentaires. Ces rencontres ont abouti à l’adoption de stratégies ambitieuses pour la transformation agricole du continent.

De plus, nous avons accordé une attention particulière aux questions énergétiques. En janvier 2025, à Dar es Salaam, nous avons coorganisé le Sommet africain sur l’énergie avec Son Excellence Samia Suluhu Hassan, en collaboration avec la Banque Africaine de Développement et la Banque Mondiale, dans le cadre de l’initiative “Mission 300″, visant à garantir l’accès à l’électricité pour 300 millions d’Africains.

Enfin, nous avons plaidé pour une réforme du système de gouvernance mondiale afin d’assurer une représentation équitable de l’Afrique dans les institutions multilatérales, notamment au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Leurs Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je termine mon mandat avec la conviction profonde que l’Afrique a les moyens de réaliser les objectifs de l’Agenda 2063. Je renouvelle mes vœux de succès à Son Excellence João Lourenço, à qui je transmets la présidence de l’Union Africaine.

Vive l’Union Africaine ! Vive une Afrique libre, souveraine et prospère !

Je vous remercie, que la paix soit sur vous.”