Démocratie de façade et institutions publiques fantômes

mar, 23/06/2015 - 11:20

En apparence, la Mauritanie est un pays démocratique où les libertés individuelles et collectives sont respectées, où la presse est libre, où également la séparation des pouvoirs est consacrée et où il existe encore une multitude d’institutions publiques qui incarnent cette démocratie. Dans les faits par contre c’est tout autre chose, seule la presse peut se targuer d’être plus ou moins libre alors de que des dizaines d’institutions qui engloutissent de faramineux fonds ne sont là que pour le décor : Assemblée Nationale, Sénat, Conseil Constitutionnel, Conseil Economique et Social, Médiateur, HAPA, Haut Conseil Islamique, Haut Conseil de la Fatwa…

De ces institutions qui coûtent des yeux et de la tête au contribuable mauritanien sans lui servir, on pourrait tout de même nuancer le cas du Sénat et de l’Assemblée Nationale qui même si au fond, ne sont d’aucune utilité tels qu’ils existent dans notre pays, ont au moins une certaine lisibilité. A la rigueur on voit des séances de discussions à l’Assemblée Nationale et grâce à la présence de quelques députés de l’opposition il y a un semblant de débat contradictoire. Même s’ils dorment ou somnolent la plupart du temps, les députés et sénateurs ont le mérite de se faire voir de temps à autre. Qu’en est-il par contre du Conseil Economique et Social et de son Président par exemple. Il est à parier que le nombre de mauritaniens connaissant que c’est Messaoud Ould Boulkheir qui en est le Président se compte sur le bout des doigts. Pourtant en principe le Conseil Economique et Social par la représentation des principales activités économiques et sociales, favorise la collaboration des différentes catégories professionnelles entre elles et assure leur participation à la politique économique et sociale du Gouvernement.
Le Médiateur de la République est également une parfaite illustration d’un manque flagrant de lisibilité. Chargé de simplifier et humaniser les rapports entre les administrés et l’administration et de faciliter le règlement amiable des différends en dehors de toute procédure judiciaire, notre médiateur est tout simplement invisible. En principe, il présente au Président de la République un rapport annuel, dans lequel il établit le bilan de son activité. C’est même à se demander si le Président mauritanien se souvient de cette institution qui comme tant d’autres sert plutôt à recaser des hommes politiques qui faute de mieux sont prier de gérer ces boites vides et sans envergures. Jouissant de gros avantages ces hommes ainsi éloignés des feux de projecteurs se refont une santé financière en toute discrétion. Ould El Bou qui gère actuellement cette institution n’est connu que par la dizaine de bonhommes qui arpentent ses maigres couloirs.
Le Conseil Constitutionnel bien encore plus important que les institutions précitées, n’en est pas autant inefficace et peu visible. C’est à de demander si son Président, ses membres et sa petite administration travaillent pour la Mauritanie. Récompensé pour son soutien au Président lors de la dernière présidentielle, Sghair Ould M’bareck, tient fermement les rênes de cette institution. Servant tout au plus à valider les candidatures lors de la présidentielle et à annoncer ses résultats, le Conseil Constitutionnel brille par son absence.
La HAPA avait elle aussi pris cette fâcheuse tendance à somnoler à moins qu’elle ne soit solliciter par les autorités pour donner des licences à des opérateurs préalablement choisis ou pour réprimander un média qui aurait franchi les lignes rouges. Comme pour les autres institutions, le maître mot semble : reste tranquille et profite de ton avantageuse situation. Bien d’autres institutions publiques vivent cette situation. En fait elles sont là pas bien plus pour le décor (démocratique de façade) que pour leur utilité et elles servent à recycler ou recaser des hommes politiques de grandes envergures.