Dégringolade morale/Mohamed Ahmed Cheikh, Ingénieur

Censé place de l'élite intellectuelle et lieu de débats constructifs impulsant le développement économique et social du pays, à travers plus de pression sur l’Exécutif pour accélérer la relance et le décollage économique, le Parlement est de moins en moins engagé dans l’accomplissement de cette mission. La récente sortie de l'un de ses élus visant à comparer l'exhaustivité et l'exemplarité du Saint Coran avec le programme du gouvernement constitue une humiliation, aussi bien pour le pouvoir que pour le peuple, et un crime qu'il faut punir sévèrement. Si la loi sur les symboles de la République ne prévoit pas de peines à l'encontre des personnes outrageant ou minimisant les symboles religieux, sa révision s'impose pour les inclure. Faute de quoi, il faut s'attendre au pire, puisque ces symboles sont sciemment attaqués et que ce peuple musulman, trouvant sa raison d'être dans leur respect, voit certains parmi nous agir en ce sens, il faut stopper le mal avant qu'il ne nous emporte.

Si la corruption est vraiment punie conformément à la loi, faire les éloges des responsables en exercice, à la seule fin de gagner leur confiance et profiter des opportunités qu’ils peuvent offrir, constitue une corruption morale qu'il faut d’autant plus punir que son impact est multidimensionnel et d'une gravité indescriptible pour l'avenir. Elle incite à évaporer des valeurs de notre société, rendant toute fin justifiant les moyens. Tout devient permis, les propos les plus vulgaires et rejetés par celle-là sont devenus banals dans la bouche de certains politiciens acharnés à profiter de tout.  Cette logique qui constitue le plus court chemin au gain est devenue de rigueur. Il n'y a plus de ligne rouge. La tentation est grande, la chute morale semble rapporter de plus en plus. On dirait qu'on investit dans la dépravation. Les conséquences sont déjà perceptibles, le niveau des débats politiques s’affaiblit. Certaines jeunes mettent en doute l'importance de la formation et du mérite, le moindre propos élogieux á l'endroit d'un responsable paraît briser tous les critères et élever les moins méritants aux anges. Il est inquiétant de voir l'émulation à réussir sa vie tendre à s'exercer non plus dans le sens des bonnes pratiques et bonnes manières mais plutôt dans l'ingéniosité des propos élogieux des flatteurs visant à plaire aux décideurs, quitte à briser tous les tabous et interdits de la société. Tout comme dans la vacance des bureaux par leurs locataires qui passent le plus clair de leurs temps à s’afficher dans les sièges des partis politiques « lucratifs ».

Soyons clairs : l’intérêt de la Mauritanie exige de prendre des mesures-phares fixant des lignes rouges moralisant davantage la société. Elles doivent requérir une enquête de probité édifiante et un niveau requis pour justifier l’accession au moindre poste, sans quoi la classe politique deviendra une coquille vide, sans âme ni morale, mettant en péril notre système social garant de notre existence.