L'Authentique - Entre l’analyse apocalyptique de l’ancien Premier ministre, Yahya Ahmed Waghf qui parle d’une société nationale industrielle et minière (SNIM) au bord de la faillite, et la déclaration du ministre des Finances qui évoque une production record en 2016 de 16 millions de tonnes de fer, les populations ont bien le droit de se poser des questions ! En tout état de cause, l’avenir de la plus grande entreprise du pays reste une énigme.
Au cours de la conférence de presse qu’il a animée en début de semaine dernière, le ministre des Finances a considéré en substance que la croissance économique pourrait être boostée par la production de la SNIM, surtout avec le démarrage du projet « Guelb 2 », ce qui pourrait relever, selon lui, la production de 13 millions de tonnes de fer par an actuellement, à 16 millions de tonnes de fer par an en 2016.
Cette prévision heureuse de l’avenir de la SNIM est pourtant loin de la vision apocalyptique qu’en donne l’ancien Premier ministre, et non moins économiste avisé, Yahya Ahmed Waghf qui évoque quant à lui une faillite programmée de la première société minière du pays.
Selon lui, la SNIM ferait aujourd’hui le tour des institutions internationales de crédits pour trouver un prêt, se demandant quelle est ce bailleur assez fou qui « prêterait de l’argent à une société qui ose gaspiller 7 milliards de dollars US sans plan prévisionnel ».
Pour l’ancien PM, la SNIM a engrangé durant la période euphorique du fer d’importantes ressources, engrangeant un chiffre d’affaires de l’ordre de 2000 milliards d’UM entre 2009 et 2014, dont 800 milliards d’UM de bénéfice net.
« Au lieu de se concentrer sur l’augmentation de sa production et de consolider la confiance des partenaires, la SNIM s’est investi dans des activités hors de son domaine d’action, se lançant dans la création de sociétés nouvelles, dans le mécénat et dans l’apport de capitaux au profit du privé » note Ould Waghf.
Ainsi, la croissance tant galvaudée par le gouvernement ne reflèterait pas les incommensurables recettes encaissées par le Trésor Public entre 2009 et 2013. Selon lui, les recettes du Trésor Public avaient doublé durant cette période et l’investissement étranger direct avait quadruplé, ce qui aurait pu entraîner une croissance à deux chiffres.
Tel ne fut pas le cas, regrette Ould Waghf, soulignant que l’Etat s’est mis plutôt à s’endetter, entraînant une augmentation de la dette publique qui est passée de 2, 6 milliards de dollars à 4 milliards de dollars. Du coup, le service de la dette a bondi, passant de 60, 6 millions de dollars en 2008 à 241, 7 millions de dollars en 2014.
Dans a foulée, l’ancien PM a déclaré observer une grande réserve par rapport aux chiffres officiels du chômage en Mauritanie qui évoquent un taux de 10, 1% en 2012.
Connu pour être l’un des plus grands statisticiens du pays, il dira que l’étude réalisée par l’Office national de la statistique n’a aucune crédibilité, précisant que les résultats publiés se sont révélés contradictoires.
Il a indiqué par ailleurs que les retards énormes accusés dans l’exécution des projets ont causé des pertes colossales à l’Etat, cela sans compter la qualité des ouvrages livrés qui ne seraient pas de bonne facture.
Il a cité dans ce cade l’exemple des routes réalisées par l’ATTM à Nouakchott entre 2009 et 2010 et qui ont été livrées en 2012 à l’ENER pour leur entretien, soit une durée de vie de deux ans.
MOMS