En marge de la célébration de la fête de l'indépendance, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a donné une conférence de presse à Nouadhibou. Nous revenons sur quelques faits saillants de cette rencontre qui ont valu notre attention.
A propos du passif humanitaire, le Président a souligné que les organisations des droits de l'Homme ainsi que les Imams et leaders d'opinion ont été impliqués dans cette affaire sans l'Etat n'ait eu à intervenir.
Selon lui la seule solution offerte était alors d'indemniser les familles des victimes et de les aider à transcender leur épreuve, précisant que ce sont ces familles qui ont proposé les solutions qui ont été retenues. Aussi, selon le président il ne convient pas d' « exploiter cette affaire pour susciter la haine et encourager la division entre les fils de cette seule et même nation ». Une réaction à la vive polémique suscitée par la célébration de la fête de l’indépendance le 28 novembre qui fut également un jour (1990) où 28 soldats négro-africains furent froidement exécutés sans procès. De nombreuses associations des droits de l’homme dénoncent l’impunité dont jouissent encore les tortionnaires et responsables d’assassinats perpétrés à l’époque qui sont protégés par une loi d’amnistie votée en 1992 dans des conditions particulières. Certains de ces militaires sont devenus de hauts gradés ayant même des postes de responsabilités. A voir le développement de ce sujet, il est clair que les faibles indemnisations versées encore dans des conditions peu transparentes n’ont rien résolu. L’arrestation du colonel Ould Beibacar qui tenait une conférence à ce sujet sur une invitation de l’AJD/MR ; montre encore une fois que le pouvoir est frileux quant à ce sujet qu’il ne tient pas à traiter de face.
En outre, le président a affirmé que Biram Dah Ould Abeid avait échoué de présenter des preuves démontrant l'existence de pratiques esclavagistes dans le pays. Bizarre quand même quand on sait que plusieurs fois Ira Mauritanie a dénoncé des cas présumés d’esclavage et que même ces affaires ont été portées devant les autorités. D’ailleurs Birame avait dit à ce sujet « que l’esclavage est encore très présent d’une manière massive et multiforme dans les régions de l’intérieur du pays » et il avait déploré le manque d’application de la loi contre l’esclavage.
Concernant le retrait du caractère de l'utilité publique de la Fondation Moktar Ould Daddah, le Président a indiqué que la mesure n'est pas dirigée contre cette fondation et n'a aucun rapport avec ce qui a été propagé à ce sujet mais est motivée par le communiqué qu'elle a publié et qui a été considéré comme préjudiciable au pays, insistant sur la nécessité de faire la différence entre le soutien au Président et ternir l'image du pays.
Ould Abdel Aziz a nié le retrait de l'agrément accordé à la fondation, précisant qu'il s'agit simplement d'arrêter le soutien accordé à la fondation en vertu d'un décret du conseil des ministres.
Une autre explication qui aura du mal à passer pour une fondation qui aura eu le tort de réclamer que le nom du nouvel aéroport soit attribué au premier président Moctar Ould Daddah. La réaction vive et disproportionné laisse craindre un glissement vers un régime autoritaire qui n’accepte aucune critique.
Par ailleurs à propos d’un article publié par le journal français "Le Monde" indexant des proches du Président, celui-ci a répondu ne pas être au courant. Il a toutefois précisé qu'il y a des informations qui montrent qu'il y a un homme d'affaire mauritanien résidant à l'étranger qui fait courir des mensonges qui peut être lié à cette information. Derrière cet homme on voit l’homme d’affaires mauritanien, Mohamed Ould Bouamatou. La guerre entre les deux cousins ne semble alors pas s’apaiser et ce sont les avoirs en Mauritanie de richissime mauritanien qui risquent d’en pâtir.
Enfin le Président a dit que la situation économique du pays est excellente et que le budget 2016 enregistrera un excédent. Difficile à croire quand on sait que les principaux indicateurs sont au rouge ; baisse drastique du prix du fer et du pétrole, pluviométrie 2015 mitigée et risque de famine dans de nombreuses contrées de l’intérieur du pays, renchérissement du prix des denrées de premières nécessité. Bien au contraire, selon des économistes la situation économique est bien inquiétante et l’état n’a d’autre choix que de jouer encore sur la corde fiscale pour renflouer ses caisses. Alors le pouvoir gagnerait à donner la vraie information au lieu de verser encore dans des mirages versatiles.