Joe Biden se dit en bonne voie de l'emporter, Trump revendique une « grande victoire »

mer, 04/11/2020 - 10:11

 

Radio Canada - Après s'être prématurément déclaré vainqueur sur Twitter, le président Trump a martelé son message devant les caméras de télévision peu avant 2 h 30 du matin, utilisant une rhétorique défiant les normes démocratiques.

Dénonçant une «fraude contre notre nation» et accusant ses adversaires de vouloir voler l'élection, il s'est targué, sans pouvoir le savoir, d'avoir une avance qui ne pourrait être rattrapée, alors que des millions de voix restent à compter.

«Des millions et des millions de personnes ont voté pour nous», a déclaré le président devant des centaines de personnes réunies pour célébrer dans la salle Est de la Maison-Blanche. «Un très triste groupe de personnes tente de priver ce groupe de ses droits.»

Il a déclaré qu'il se tournerait vers la Cour suprême pour arrêter le dépouillement des votes qui n'ont pas encore été comptés.

Tout inusitée qu'elle soit, sa réaction était prévisible : sa campagne avait signalé ses intentions au cours des derniers jours.

À ses côtés, le vice-président Mike Pence s'est montré plus prudent. «Alors que les votes continuent d'être comptés, nous allons rester vigilants, comme l'a dit le président. Le droit de vote est au centre de notre démocratie depuis la fondation de cette nation. Nous allons protéger l'intégrité du vote.»

Prenant brièvement la parole tôt mercredi matin, Joe Biden avait précédemment appelé à la patience, rappelant que les résultats n'avaient pas été annoncés dans plusieurs États, notamment dans trois États de la région des Grands Lacs, le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvannie, qu'il s'est dit confiant de remporter.

Ironiquement, la balle est entre autres dans le camp de ce trio d'anciens bastions démocrates qui avaient livré la présidence à Donald Trump en 2016.

«Ce n'est pas à moi ou Donald Trump de décider qui gagne cette élection. C'est aux Américains de le faire», a lancé l'ancien vice-président, pressentant les intentions de son rival.

Aux petites heures, il restait encore un nombre important de bulletins de vote à dépouiller et plusieurs grands électeurs d'États clés à attribuer.

Les résultats dans le Wisconsin n'étaient pas attendus avant mercredi matin, et il était déjà prévu que le dépouillement des votes postaux dans deux autres États irait au lendemain de l'élection, voire aux jours subséquents.

Après que Donald Trump eut revendiqué «une grande victoire» sur Twitter, accusant les démocrates de vouloir «voler l'élection», le réseau social a d'ailleurs rapidement sévi, accolant à son message un avertissement indiquant que le contenu était «contesté» et potentiellement «trompeur».

L'espoir d'une vague bleue s'est brisé

Une victoire du démocrate Joe Biden dans des États traditionnellement républicains du Sud, qui semblaient à portée de main, aurait mis fin au suspense dès mardi soir, avant même que les résultats dans la région du Midwest ne soient connus. Mais le scénario d'un balayage espéré par les démocrates – et que les sondages n'excluaient pas – ne s'est pas concrétisé.

La lutte y a cependant été plus âprement disputée qu'il y a quatre ans, mais en bout de ligne, cela s'est avéré insuffisant pour marquer des gains.

Selon les projections des médias américains, le président conservera dans le giron républicain l'Ohio, qui fait historiquement figure de baromètre, ainsi que l'Iowa, la Floride et le Texas.

Misant sur la démographie changeante du Texas, les démocrates anticipent depuis longtemps le moment où ce poids lourd électoral, avec ses 55 grands électeurs, basculera dans leur camp, mais ce n'est pas cette année qu'ils auront décroché leur Saint Graal.

Même la Floride, quintessence de l'État pivot, leur a échappé. L'avance républicaine semble attribuable à l'augmentation de ses appuis par rapport à 2016 au sein de la communauté hispanique de la région de Miami, particulièrement la communauté cubaine, qui s'est montrée sensible au message antisocialiste mis de l'avant par le président.

Joe Biden semble cependant en bonne position en Arizona, l'État du Sun Belt traditionnellement républicain qui était d'ailleurs le plus susceptible de devenir bleu. À l'exception de 1996, les républicains remportent cet État depuis 1952.

Avec des résultats partiels, Donald Trump mène en outre en Caroline du Nord, et Joe Biden en Georgie.

Ailleurs, Joe Biden a par ailleurs remporté le New Hampshire et le Minnesota. Le camp Trump croyait initialement être en mesure de remporter ces deux États, qui, en 2016, avaient accordé à Hillary Clinton ses victoires les plus minces, mais les sondages montraient qu'il semblaient hors d'atteinte.

Jusqu'ici, selon les projections de Radio-Canada, le démocrate cumule 220 grands électeurs et le républicain en a pour sa part 213.

Les regards se tournent vers les Grands Lacs

Si la tendance se confirme dans les États du Sun Belt, la bataille se transporte dans la région du Midwest, où plusieurs États continuent à compter leurs votes postaux.

Pour l'instant, Donald Trump mène en Iowa, au Wisconsin, au Michigan et en Pennsylvanie.

Dans la région des Grands Lacs, l'avance de Donald Trump était prévisible, car plusieurs États commencent par le dépouillement des votes exprimés en personne. Les résultats liés au vote postal viendront plus tard, et le dépouillement pourrait s'étirer sur des jours.

Ce n'est pas le suffrage populaire qui importe, car les électeurs ne votent pas directement pour le président, mais pour des intermédiaires, connus sous le nom de «grands électeurs». Ces derniers forment le «Collège électoral», composé de 538 grands électeurs répartis dans les États.

La question est donc de savoir comment les appuis pour les deux candidats seront distribués dans les 50 États au sein du Collège électoral. Car ce qui importe, c'est la course aux 270 grands électeurs, le seuil que doit franchir un candidat pour l'emporter.

Sauf exception, il suffit d'un seul vote dans un État pour faire basculer tous ses grands électeurs dans la colonne d'un candidat.

Par Sophie-Hélène Lebeuf