Cinquante ans après la mort de Charles de Gaulle, Emmanuel Macron à Colombey

lun, 09/11/2020 - 10:12

RFI

Le président français Emmanuel Macron passe devant un buste du général de Gaulle au musée de l'Orde de la libération le 18 juin 2020. Yoan Valat, Pool via AP

Le général de Gaulle est mort il y a cinquante ans. Il s’est éteint à la Boisserie, sa résidence de Colombey-les-deux-Églises, là même où Emmanuel Macron a choisi de se rendre pour célébrer la mémoire du celui qui est resté une référence pour tous les dirigeants français au travers des décennies. C’est la dernière étape des commémorations de l’année de Gaulle organisée par le président de la République et la plus symbolique, celle où le chef de l’État va se recueillir sur la tombe du Général. 

Il y a cinquante ans, c’est le président Georges Pompidou qui avait annoncé le décès du général de Gaulle en déclarant : « Le général de Gaulle est mort, la France est veuve ».  Un ton solennel et un souhait : « Que dans l’âme nationale de Gaulle vive éternellement ». Faire vivre la mémoire de Gaulle, Emmanuel Macron s’y est attelé durant tout cette année, d’abord sur le site de la bataille de Moncornet, lieu d’un combat mené par celui qui n’était encore en mai 1940 que le colonel de Gaulle, où le président de la République a déclaré : « C’est donc ici même sur les champs de bataille de l’Aisne que de Gaulle rencontra son destin ». 

À Londres, aux côtés du prince Charles, Emmanuel Macron a ensuite célébré l’homme de l’appel du 18 juin, celui qui n’a eu de cesse de demander aux Français de défendre la France par le canal de la BBC en les appelant à le rejoindre : « Moi, général de Gaulle, j’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre ». Une inspiration pour Emmanuel Macron qui a fait de l’esprit de résistance du général de Gaulle un élément fondateur de ce qu’il appelle « l’esprit français », comme il l’a dit dans son discours du 18 juin 2020 : « Le rebelle de Londres n’avait plus rien, n’était plus rien pourtant il lui restait presque tout, une foi invincible dans le destin de son pays… et avec lui comme exilé, il avait emporté une chose, l’esprit français ». 

« Tout le monde a été, est ou sera gaulliste » 

Emmanuel Macron n’est pas le seul dirigeant français à s'emparer de l’héritage du général de Gaulle. « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste », disait André Malraux, qui fut ministre du général. Et pour le politologue Arnaud Benedetti, il y a une raison à cela : « Le général de Gaulle est vraisemblablement la dernière grande figure légendaire du roman national français ».

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Il y a dix ans, Nicolas Sarkozy avait lui aussi célébré de Gaulle à Colombey-les-deux-Églises au moment de la commémoration des quarante ans de sa mort et avait expliqué : « Rassembler les Français par-delà tout ce qui les divise, voici me semble-t-il la leçon politique du gaullisme ». Au message politique, à l’image symbolique, le général de Gaulle a ajouté un legs institutionnel avec la Constitution de la Vème République et l’annonce d’un choix décisif dans une allocution en 1962 : « Le président de la République sera dorénavant élu au suffrage universel ».

Autant de raisons pour lesquelles tous les responsables politiques français se réfèrent au général de Gaulle de François Hollande, premier président socialiste à faire le pèlerinage à Colombey-les-deux-Églises en 2016, à Marine Le Pen qui a célébré cette année l’appel du 18 juin sur l’île de Sein d’où partirent des Français pour rejoindre de Gaulle en 1940, en passant par François Fillon qui en 2016 a utilisé la comparaison avec le général pour régler ses comptes avec Nicolas Sarkozy en lançant : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ! » 

Macron dans les pas du général de Gaulle

En se rendant à Colombey-les-deux-Églises, Emmanuel Macron veut mettre ses pas dans ceux du général de Gaulle comme il le fait depuis le début de son quinquennat en vantant la capacité des Français à faire bloc dans l’épreuve, à faire Nation.

Déjà sur sa photo officielle de président, Emmanuel Macron avait posé avec un exemplaire des Mémoires de guerre du général ouvert sur le bureau derrière lui. Se rendre à Colombey-les-deux-Églises, c’est rappeler en image aux Français qu’ils ont une mémoire et des valeurs républicaines communes. Arnaud Benedetti y voit aussi une démarche politique : « S’inscrire dans une filiation gaullienne, c’est pour lui le moyen d’assoir d’une certaine manière son autorité aux yeux des Françaises et des Français ». Et de l’autorité, Emmanuel Macron en a besoin pour rassembler dans une période terrible où la France endure une crise sanitaire, économique et doit faire face à la menace terroriste.