«Le Maroc n'a jamais lâché les Palestiniens et ne les lâchera pas»
RFI Afrique - C'est une première. Les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
En échange, le Maroc renoue des relations diplomatiques avec Israël. Les deux annonces ont été faites simultanément ce jeudi 10 décembre par Washington et Rabat. Peut-on dire que le Maroc abandonne les Palestiniens à leur sort pour renforcer sa position sur le Sahara occidental ?
À Rabat, le professeur Mohammed Benhammou préside le Centre marocain d'études stratégiques, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Le Maroc va reprendre des relations diplomatiques avec Israël, quelle est votre première réaction ?
Mohammed Benhammou : C’est une reprise des relations au niveau des bureaux de liaison qui existaient et qui se sont arrêtés depuis 2002. Nous sommes face pratiquement à un tiers de la population d’Israël qui est d’origine marocaine et [c’est] pour permettre à ces citoyens de se rendre directement dans leur pays d’origine. Et c’est aussi une possibilité de renforcer des relations économiques entre les deux parties. Ceci étant, c’est le maintien de la position qui a été toujours celle du Maroc en soutenant la question palestinienne, et notamment de la nécessité de la mise en place de l’État palestinien.
Justement, est-ce que pour les Palestiniens cette reprise de ces relations diplomatiques entre Rabat et Jérusalem ne va pas être vécue comme un lynchage par le Maroc ?
Non, aucunement. Vous savez, beaucoup de pays arabes ont des relations diplomatiques avec un échange d’ambassadeurs avec Israël, c’est le cas de l’Égypte, de la Jordanie, des Émirats et d’autres. Et je pense que les Palestiniens le savent très bien. Le Maroc ne les a jamais lâchés, ne les lâchera pas. La position du Maroc, elle est toujours claire, c’est celle de soutenir la solution qui donnera aux Palestiniens leur droit à un État avec Jérusalem-Est comme capitale.
Oui, mais souvenez-vous, il y a trois ans quand les États-Unis de Donald Trump ont reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël, vous les Marocains, vous avez protesté. Et le roi du Maroc qui préside le Comité Al-Qods, autrement dit le comité qui défend Jérusalem, a été évidemment très irrité par cela, vous nous l’avez dit à l’époque…
Oui. Mais ce sont deux situations complètement différentes.
Et peut-on dire que cette semaine, le Maroc fait ce geste symbolique de reconnaître Israël en échange de la décision de Washington de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ?
Pas du tout. Ce n’est pas du tout une situation de donnant-donnant. Nous sommes dans deux logiques parallèles et deux sujets qui sont complètement distincts. Il y a une reconnaissance politique et juridique claire aujourd’hui et officielle par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud et sur le territoire du Sahara marocain. C’est une reconnaissance officielle qui va certainement appeler beaucoup d’autres reconnaissances. C’est un tournant historique qui marque, je pense, l’entrée dans une nouvelle phase.
Depuis 1975, depuis le début du conflit sur le Sahara, n’est-ce pas la première fois que les États-Unis sortent de leur neutralité et reconnaissent la souveraineté du Maroc sur ce territoire ?
Je ne pense que c’est une question de sortir de la neutralité. Les États-Unis d’Amérique ont toujours soutenu, et surtout depuis 2007, la proposition d’autonomie que le Maroc a faite pour trouver une solution au problème. Et là, je pense que, vu l’évolution de la question depuis, il est clair que c’est une position qui s’inscrit dans la logique de ce que les États-Unis, comme une bonne partie de la communauté internationale, voient aujourd’hui comme issue pour un faux problème qui a été imposé à la région.
Donald Trump est en fin de mandat. Dans deux mois, c’est un nouveau président qui sera à la Maison Blanche. Ne craignez-vous pas que Joe Biden revienne sur la décision par rapport à la souveraineté marocaine sur le Sahara ?
Nous sommes aujourd’hui face à une décision légale qui a une portée politique et juridique et ce sont les États-Unis qui s’engagent. Donc, ce n’est pas une question d’homme, c’est une question d’État et ce sont les États-Unis d’Amérique aujourd’hui qui s’engagent.
Oui, mais vous savez bien qu’à l’Union africaine, de nombreux pays du continent continuent de reconnaître le Front Polisario…
Pas du tout. Au contraire, la majorité des pays africains ne le reconnaissent pas. C’est le seul espace d’ailleurs. Il y a 13 pays qui le reconnaissent, d’autres ont gelé cette reconnaissance du [Front] Polisario. Au contraire, il y a une minorité au sein de l’Union africaine qui le reconnaît. Et bien sûr, le travail continue.
Ne craignez-vous pas que cela complique les relations entre Rabat et Alger ?
Le système algérien, dans sa doctrine, c’est d’avoir le Maroc comme ennemi. Je ne pense pas que c’est une décision qui va changer quelque chose au sentiment de ce régime envers le Maroc. Maintenant, on espère que le système et le régime algérien sortent de cette myopie stratégique dans laquelle il s’est installé.
Par : Christophe Boisbouvier
«Le Maroc n'a jamais lâché les Palestiniens et ne les lâchera pas»
RFI Afrique - C'est une première. Les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
En échange, le Maroc renoue des relations diplomatiques avec Israël. Les deux annonces ont été faites simultanément ce jeudi 10 décembre par Washington et Rabat. Peut-on dire que le Maroc abandonne les Palestiniens à leur sort pour renforcer sa position sur le Sahara occidental ?
À Rabat, le professeur Mohammed Benhammou préside le Centre marocain d'études stratégiques, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Le Maroc va reprendre des relations diplomatiques avec Israël, quelle est votre première réaction ?
Mohammed Benhammou : C’est une reprise des relations au niveau des bureaux de liaison qui existaient et qui se sont arrêtés depuis 2002. Nous sommes face pratiquement à un tiers de la population d’Israël qui est d’origine marocaine et [c’est] pour permettre à ces citoyens de se rendre directement dans leur pays d’origine. Et c’est aussi une possibilité de renforcer des relations économiques entre les deux parties. Ceci étant, c’est le maintien de la position qui a été toujours celle du Maroc en soutenant la question palestinienne, et notamment de la nécessité de la mise en place de l’État palestinien.
Justement, est-ce que pour les Palestiniens cette reprise de ces relations diplomatiques entre Rabat et Jérusalem ne va pas être vécue comme un lynchage par le Maroc ?
Non, aucunement. Vous savez, beaucoup de pays arabes ont des relations diplomatiques avec un échange d’ambassadeurs avec Israël, c’est le cas de l’Égypte, de la Jordanie, des Émirats et d’autres. Et je pense que les Palestiniens le savent très bien. Le Maroc ne les a jamais lâchés, ne les lâchera pas. La position du Maroc, elle est toujours claire, c’est celle de soutenir la solution qui donnera aux Palestiniens leur droit à un État avec Jérusalem-Est comme capitale.
Oui, mais souvenez-vous, il y a trois ans quand les États-Unis de Donald Trump ont reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël, vous les Marocains, vous avez protesté. Et le roi du Maroc qui préside le Comité Al-Qods, autrement dit le comité qui défend Jérusalem, a été évidemment très irrité par cela, vous nous l’avez dit à l’époque…
Oui. Mais ce sont deux situations complètement différentes.
Et peut-on dire que cette semaine, le Maroc fait ce geste symbolique de reconnaître Israël en échange de la décision de Washington de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ?
Pas du tout. Ce n’est pas du tout une situation de donnant-donnant. Nous sommes dans deux logiques parallèles et deux sujets qui sont complètement distincts. Il y a une reconnaissance politique et juridique claire aujourd’hui et officielle par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud et sur le territoire du Sahara marocain. C’est une reconnaissance officielle qui va certainement appeler beaucoup d’autres reconnaissances. C’est un tournant historique qui marque, je pense, l’entrée dans une nouvelle phase.
Depuis 1975, depuis le début du conflit sur le Sahara, n’est-ce pas la première fois que les États-Unis sortent de leur neutralité et reconnaissent la souveraineté du Maroc sur ce territoire ?
Je ne pense que c’est une question de sortir de la neutralité. Les États-Unis d’Amérique ont toujours soutenu, et surtout depuis 2007, la proposition d’autonomie que le Maroc a faite pour trouver une solution au problème. Et là, je pense que, vu l’évolution de la question depuis, il est clair que c’est une position qui s’inscrit dans la logique de ce que les États-Unis, comme une bonne partie de la communauté internationale, voient aujourd’hui comme issue pour un faux problème qui a été imposé à la région.
Donald Trump est en fin de mandat. Dans deux mois, c’est un nouveau président qui sera à la Maison Blanche. Ne craignez-vous pas que Joe Biden revienne sur la décision par rapport à la souveraineté marocaine sur le Sahara ?
Nous sommes aujourd’hui face à une décision légale qui a une portée politique et juridique et ce sont les États-Unis qui s’engagent. Donc, ce n’est pas une question d’homme, c’est une question d’État et ce sont les États-Unis d’Amérique aujourd’hui qui s’engagent.
Oui, mais vous savez bien qu’à l’Union africaine, de nombreux pays du continent continuent de reconnaître le Front Polisario…
Pas du tout. Au contraire, la majorité des pays africains ne le reconnaissent pas. C’est le seul espace d’ailleurs. Il y a 13 pays qui le reconnaissent, d’autres ont gelé cette reconnaissance du [Front] Polisario. Au contraire, il y a une minorité au sein de l’Union africaine qui le reconnaît. Et bien sûr, le travail continue.
Ne craignez-vous pas que cela complique les relations entre Rabat et Alger ?
Le système algérien, dans sa doctrine, c’est d’avoir le Maroc comme ennemi. Je ne pense pas que c’est une décision qui va changer quelque chose au sentiment de ce régime envers le Maroc. Maintenant, on espère que le système et le régime algérien sortent de cette myopie stratégique dans laquelle il s’est installé.
Par : Christophe Boisbouvier
«Le Maroc n'a jamais lâché les Palestiniens et ne les lâchera pas»
RFI Afrique - C'est une première. Les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
En échange, le Maroc renoue des relations diplomatiques avec Israël. Les deux annonces ont été faites simultanément ce jeudi 10 décembre par Washington et Rabat. Peut-on dire que le Maroc abandonne les Palestiniens à leur sort pour renforcer sa position sur le Sahara occidental ?
À Rabat, le professeur Mohammed Benhammou préside le Centre marocain d'études stratégiques, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Le Maroc va reprendre des relations diplomatiques avec Israël, quelle est votre première réaction ?
Mohammed Benhammou : C’est une reprise des relations au niveau des bureaux de liaison qui existaient et qui se sont arrêtés depuis 2002. Nous sommes face pratiquement à un tiers de la population d’Israël qui est d’origine marocaine et [c’est] pour permettre à ces citoyens de se rendre directement dans leur pays d’origine. Et c’est aussi une possibilité de renforcer des relations économiques entre les deux parties. Ceci étant, c’est le maintien de la position qui a été toujours celle du Maroc en soutenant la question palestinienne, et notamment de la nécessité de la mise en place de l’État palestinien.
Justement, est-ce que pour les Palestiniens cette reprise de ces relations diplomatiques entre Rabat et Jérusalem ne va pas être vécue comme un lynchage par le Maroc ?
Non, aucunement. Vous savez, beaucoup de pays arabes ont des relations diplomatiques avec un échange d’ambassadeurs avec Israël, c’est le cas de l’Égypte, de la Jordanie, des Émirats et d’autres. Et je pense que les Palestiniens le savent très bien. Le Maroc ne les a jamais lâchés, ne les lâchera pas. La position du Maroc, elle est toujours claire, c’est celle de soutenir la solution qui donnera aux Palestiniens leur droit à un État avec Jérusalem-Est comme capitale.
Oui, mais souvenez-vous, il y a trois ans quand les États-Unis de Donald Trump ont reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël, vous les Marocains, vous avez protesté. Et le roi du Maroc qui préside le Comité Al-Qods, autrement dit le comité qui défend Jérusalem, a été évidemment très irrité par cela, vous nous l’avez dit à l’époque…
Oui. Mais ce sont deux situations complètement différentes.
Et peut-on dire que cette semaine, le Maroc fait ce geste symbolique de reconnaître Israël en échange de la décision de Washington de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ?
Pas du tout. Ce n’est pas du tout une situation de donnant-donnant. Nous sommes dans deux logiques parallèles et deux sujets qui sont complètement distincts. Il y a une reconnaissance politique et juridique claire aujourd’hui et officielle par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud et sur le territoire du Sahara marocain. C’est une reconnaissance officielle qui va certainement appeler beaucoup d’autres reconnaissances. C’est un tournant historique qui marque, je pense, l’entrée dans une nouvelle phase.
Depuis 1975, depuis le début du conflit sur le Sahara, n’est-ce pas la première fois que les États-Unis sortent de leur neutralité et reconnaissent la souveraineté du Maroc sur ce territoire ?
Je ne pense que c’est une question de sortir de la neutralité. Les États-Unis d’Amérique ont toujours soutenu, et surtout depuis 2007, la proposition d’autonomie que le Maroc a faite pour trouver une solution au problème. Et là, je pense que, vu l’évolution de la question depuis, il est clair que c’est une position qui s’inscrit dans la logique de ce que les États-Unis, comme une bonne partie de la communauté internationale, voient aujourd’hui comme issue pour un faux problème qui a été imposé à la région.
Donald Trump est en fin de mandat. Dans deux mois, c’est un nouveau président qui sera à la Maison Blanche. Ne craignez-vous pas que Joe Biden revienne sur la décision par rapport à la souveraineté marocaine sur le Sahara ?
Nous sommes aujourd’hui face à une décision légale qui a une portée politique et juridique et ce sont les États-Unis qui s’engagent. Donc, ce n’est pas une question d’homme, c’est une question d’État et ce sont les États-Unis d’Amérique aujourd’hui qui s’engagent.
Oui, mais vous savez bien qu’à l’Union africaine, de nombreux pays du continent continuent de reconnaître le Front Polisario…
Pas du tout. Au contraire, la majorité des pays africains ne le reconnaissent pas. C’est le seul espace d’ailleurs. Il y a 13 pays qui le reconnaissent, d’autres ont gelé cette reconnaissance du [Front] Polisario. Au contraire, il y a une minorité au sein de l’Union africaine qui le reconnaît. Et bien sûr, le travail continue.
Ne craignez-vous pas que cela complique les relations entre Rabat et Alger ?
Le système algérien, dans sa doctrine, c’est d’avoir le Maroc comme ennemi. Je ne pense pas que c’est une décision qui va changer quelque chose au sentiment de ce régime envers le Maroc. Maintenant, on espère que le système et le régime algérien sortent de cette myopie stratégique dans laquelle il s’est installé.
Par : Christophe Boisbouvier
«Le Maroc n'a jamais lâché les Palestiniens et ne les lâchera pas»
RFI Afrique - C'est une première. Les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
En échange, le Maroc renoue des relations diplomatiques avec Israël. Les deux annonces ont été faites simultanément ce jeudi 10 décembre par Washington et Rabat. Peut-on dire que le Maroc abandonne les Palestiniens à leur sort pour renforcer sa position sur le Sahara occidental ?
À Rabat, le professeur Mohammed Benhammou préside le Centre marocain d'études stratégiques, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Le Maroc va reprendre des relations diplomatiques avec Israël, quelle est votre première réaction ?
Mohammed Benhammou : C’est une reprise des relations au niveau des bureaux de liaison qui existaient et qui se sont arrêtés depuis 2002. Nous sommes face pratiquement à un tiers de la population d’Israël qui est d’origine marocaine et [c’est] pour permettre à ces citoyens de se rendre directement dans leur pays d’origine. Et c’est aussi une possibilité de renforcer des relations économiques entre les deux parties. Ceci étant, c’est le maintien de la position qui a été toujours celle du Maroc en soutenant la question palestinienne, et notamment de la nécessité de la mise en place de l’État palestinien.
Justement, est-ce que pour les Palestiniens cette reprise de ces relations diplomatiques entre Rabat et Jérusalem ne va pas être vécue comme un lynchage par le Maroc ?
Non, aucunement. Vous savez, beaucoup de pays arabes ont des relations diplomatiques avec un échange d’ambassadeurs avec Israël, c’est le cas de l’Égypte, de la Jordanie, des Émirats et d’autres. Et je pense que les Palestiniens le savent très bien. Le Maroc ne les a jamais lâchés, ne les lâchera pas. La position du Maroc, elle est toujours claire, c’est celle de soutenir la solution qui donnera aux Palestiniens leur droit à un État avec Jérusalem-Est comme capitale.
Oui, mais souvenez-vous, il y a trois ans quand les États-Unis de Donald Trump ont reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël, vous les Marocains, vous avez protesté. Et le roi du Maroc qui préside le Comité Al-Qods, autrement dit le comité qui défend Jérusalem, a été évidemment très irrité par cela, vous nous l’avez dit à l’époque…
Oui. Mais ce sont deux situations complètement différentes.
Et peut-on dire que cette semaine, le Maroc fait ce geste symbolique de reconnaître Israël en échange de la décision de Washington de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ?
Pas du tout. Ce n’est pas du tout une situation de donnant-donnant. Nous sommes dans deux logiques parallèles et deux sujets qui sont complètement distincts. Il y a une reconnaissance politique et juridique claire aujourd’hui et officielle par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur les provinces du Sud et sur le territoire du Sahara marocain. C’est une reconnaissance officielle qui va certainement appeler beaucoup d’autres reconnaissances. C’est un tournant historique qui marque, je pense, l’entrée dans une nouvelle phase.
Depuis 1975, depuis le début du conflit sur le Sahara, n’est-ce pas la première fois que les États-Unis sortent de leur neutralité et reconnaissent la souveraineté du Maroc sur ce territoire ?
Je ne pense que c’est une question de sortir de la neutralité. Les États-Unis d’Amérique ont toujours soutenu, et surtout depuis 2007, la proposition d’autonomie que le Maroc a faite pour trouver une solution au problème. Et là, je pense que, vu l’évolution de la question depuis, il est clair que c’est une position qui s’inscrit dans la logique de ce que les États-Unis, comme une bonne partie de la communauté internationale, voient aujourd’hui comme issue pour un faux problème qui a été imposé à la région.
Donald Trump est en fin de mandat. Dans deux mois, c’est un nouveau président qui sera à la Maison Blanche. Ne craignez-vous pas que Joe Biden revienne sur la décision par rapport à la souveraineté marocaine sur le Sahara ?
Nous sommes aujourd’hui face à une décision légale qui a une portée politique et juridique et ce sont les États-Unis qui s’engagent. Donc, ce n’est pas une question d’homme, c’est une question d’État et ce sont les États-Unis d’Amérique aujourd’hui qui s’engagent.
Oui, mais vous savez bien qu’à l’Union africaine, de nombreux pays du continent continuent de reconnaître le Front Polisario…
Pas du tout. Au contraire, la majorité des pays africains ne le reconnaissent pas. C’est le seul espace d’ailleurs. Il y a 13 pays qui le reconnaissent, d’autres ont gelé cette reconnaissance du [Front] Polisario. Au contraire, il y a une minorité au sein de l’Union africaine qui le reconnaît. Et bien sûr, le travail continue.
Ne craignez-vous pas que cela complique les relations entre Rabat et Alger ?
Le système algérien, dans sa doctrine, c’est d’avoir le Maroc comme ennemi. Je ne pense pas que c’est une décision qui va changer quelque chose au sentiment de ce régime envers le Maroc. Maintenant, on espère que le système et le régime algérien sortent de cette myopie stratégique dans laquelle il s’est installé.
Par : Christophe Boisbouvier