RFI
plus de 2 000 personnes ont été arrêtées ce samedi 23 janvier en Russie, en marge des manifestations organisées à travers le Alexeï Navalny pour exiger sa libération.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ce samedi en Russie à l'appel de l'opposant Alexeï Navalny pour exiger sa libération. Les plus gros rassemblements ont eu lieu à Moscou et dans la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg
Dans la capitale, ils ont été plus de 10 000 manifestants à défier l'interdiction de se rassembler des autorités. « La Russie sera libre », scandait la foule, compacte, réunie place Pouchkine au centre de Moscou. Autres slogans entendus, chez des manifestants de tous âges : « Liberté », « Poutine est un voleur » ou « Russie ». Certains sont aussi venus avec des pancartes qui font référence à des épisodes de l’enquête vidéo publiée en début de semaine, dans laquelle Alexeï Navalny accuse Vladimir Poutine de s'être fait bâtir une fastueuse demeure sur une immense propriété sur les rives de la mer Noire. La vidéo a déjà été visionnée près de 68 millions de fois.
Dans la foule des manifestants, Olga dit s'inquiéter pour l'opposant. « Cela n’aide pas à faire changer le système, mais j’espère bien qu’un jour nos voix seront entendues ». Comme elle, Sergueï, 34 ans, est persuadé que cette manifestation n’aura pas d’influence immédiate mais pour lui, l’importance de ces manifestations est ailleurs. « Pour les gens qui ne vivent pas à Moscou, qui n’ont pas la possibilité, qui n’ont pas accès à l’information… Je me dis qu’il y a une petite possibilité de filmer tout ça et d’envoyer la vidéo aux parents », avance-t-il au micro de notre correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin.
Dans la capitale, des heurts ont opposé à plusieurs reprises dans l'après-midi des policiers qui frappaient à coups de matraque des manifestants leur jetant des boules de neige. Selon un bilan publié en fin d'après-midi par l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations en Russie, la police a procédé à 795 interpellations à Moscou et plus de 2 131 à travers le pays.
L'épouse de Navalny interpellée
Ioulia Navalnaïa, l'épouse de l'opposant russe Alexeï Navalny, a annoncé avoir été interpellée par la police à Moscou pendant la manifestation de soutien à son mari incarcéré. « Excusez la mauvaise qualité (de la photo), la lumière est mauvaise dans le fourgon cellulaire », a-t-elle ironisé sur sa page Instagram, diffusant un selfie pris dans un véhicule de police.
Comme elle l’avait annoncé, l’épouse de l’opposant s’est rendue à la manifestation. Hier, elle avait publié ce message sur son compte Instagram : « Je sortirai en soutien à un homme courageux, qui n’a pas peur, que l’on traque et que l’on essaye de tuer, mais qui en dépit de tout, ne se rend pas… un homme que j’aime énormément ». Jusque-là, Ioulia Navalnaïa n’avait participé qu’à des rassemblements autorisés par les pouvoirs publics.
Selon les images diffusées par la télévision indépendante Dozhd, Ioulia Navalnaya a été cueillie par des policiers dès la sortie du métro, à plusieurs centaines de mètres de la place Pouchkine où se déroulait le rassemblement.
Arrestations brutales
Les premières manifestations ont eu lieu ce samedi dans l'Extrême-Orient russe et en Sibérie, où des milliers de personnes sont descendues dans la rue notamment à Vladivostok, Khabarovsk, Novossibirsk et Tchita, selon les partisans d'Alexeï Navalny, en scandant « Liberté à Navalny ! », « Liberté aux prisonniers politiques ! », face à d'importants effectifs de la police anti-émeutes déployés sur les lieux.
À Iakoutsk, au sud du cercle polaire, une centaine de protestataires ont bravé le froid extrême en manifestant par - 50 degrés. Environ 200 protestataires avaient déjà été arrêtés dans une vingtaine de villes russes vers 08h30 TU, selon l'ONG OVD-info, spécialisée dans le suivi des interpellations en marge des manifestations.
Les arrestations ont été particulièrement brutales à Vladivostok, port russe sur l'océan Pacifique. Les policiers anti-émeutes ont couru derrière les manifestants et les ont frappés avec des bâtons.
Les autorités n'ayant pas autorisé ces rassemblements, les protestataires s'exposent partout en Russie à des poursuites judiciaires.
La police russe avait déjà interpellé cette semaine, en amont des mobilisations, des alliés de premier plan d'Alexeï Navalny dont deux ont été condamnés vendredi à de courtes peines de prison.
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Placé en détention jusqu'au 15 février au moins et visé par plusieurs procédures judiciaires, Alexeï Navalny, 44 ans, a été appréhendé dimanche dernier, dès son retour d'Allemagne, après cinq mois de convalescence.
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Fin août, il était tombé gravement malade en Sibérie et avait été hospitalisé en urgence à Berlin, victime, selon lui, d'un empoisonnement des services secrets russes à un agent neurotoxique. Trois laboratoires européens avaient également conclu à un empoisonnement, ce que Moscou dément fermement, dénonçant un complot.
Au début du mois de février, l'opposant russe pourrait être jugé dans plusieurs affaires qui pourraient lui valoir jusqu’à 13 ans et demi de prison. L'ampleur de la mobilisation de ce samedi montre qu’Alexeï Navalny dispose d’une solide base de partisans. Parviendra-t-elle à exercer une influence déterminante sur le pouvoir ? Rien n’est moins sûr.
Il faut rappeler que cette contestation nationale s'organise à quelques mois des législatives prévues à l'automne, sur fond de chute de popularité du parti au pouvoir Russie unie.
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(et avec agences)