Dans quelques jours seulement, le mandat de la présidente et des membres du Conseil d’Orientation de l’ONDFF arrivera à son terme. Ce mandat, marqué par des défis et des sacrifices, a permis de concrétiser la décision des autorités suprêmes du pays de mettre en place cette institution consultative essentielle.
En tant que défenseure des droits des femmes, j’ai plaidé pendant de nombreuses années pour la mise en œuvre de l’une des principales recommandations du Comité CEDAW et d’autres institutions internationales des droits de l’homme, en particulier en faveur de la création de l’ONDFF. Je félicite les autorités mauritaniennes pour avoir donné vie à cette recommandation.
Je tiens également à saluer la grande compétence, le leadership et l’expérience riche de l’actuelle présidente, Madame Mehla Ahmed Talebna. Malgré des conditions initiales difficiles, sa vision claire et son ambition sans limite lui ont permis de jeter les bases solides d’une institution durable, tant sur les plans administratif qu’institutionnel. Elle a également instauré des partenariats efficaces avec les partenaires techniques et financiers (PTF), renforcé la concertation avec la société civile et établi des relations fondées sur le respect mutuel avec divers acteurs, notamment les oulémas, imams, femmes leaders et ONG. Ces efforts collectifs ont constitué un moteur essentiel pour la visibilité et l’émergence de l’ONDFF dans le paysage des droits humains.
Selon les activités et les rapports de l’ONDFF que nous surveillons de près, l’objectif principal de ce premier mandat était la réussite de sa mise en place, un objectif désormais accompli.
Nous avons toujours défendu la participation pleine et égale des femmes au développement national, en particulier dans les postes de décision. Cependant, pour garantir à la fois l’intérêt du pays et une représentation féminine exemplaire, nous privilégions les postes obtenus par mérite plutôt que par discrimination positive. Cette dernière peut en effet engendrer des frustrations chez les cadres féminins compétents et constituer un frein au développement national.
Malgré des avancées notables, ce premier mandat s’est heurté à plusieurs défis propres à toute institution naissante, notamment :
• Des conditions administratives et financières difficiles : Les contraintes des débuts ont ralenti la mise en œuvre de certains programmes et projets.
• Un démarrage à partir de zéro : Ce mandat a été une phase expérimentale où l’essentiel des efforts a porté sur l’établissement de l’Observatoire : équipement du siège, création de partenariats, organisation d’ateliers, lancement de campagnes de plaidoyer et de sensibilisation, et promotion de la visibilité de l’institution jusqu’en 2024.
• Des études structurantes : Deux études ont été préparées. La première a analysé la situation des femmes et des filles en comparaison à celle des hommes, conformément au décret 092-2023, et la seconde a identifié les facteurs de discrimination à l’encontre des femmes dans la législation mauritanienne. Par ailleurs, un plan d’action quinquennal (2024-2028) a également été élaboré.
À la fin de ce premier mandat, la présidente de l’ONDFF se dit plus déterminée que jamais à relever les défis restants et à poursuivre ses efforts de consolidation, encouragée par les nouveaux engagements des partenaires pour soutenir l’Observatoire à travers d’importants projets.
Pour ma part, je reste convaincue que, pour doter la Mauritanie d’un Observatoire pleinement opérationnel et efficace, capable de défendre les droits des femmes et des filles tout en assurant son autonomie financière, il est crucial de capitaliser sur l’expérience et la diplomatie de sa présidente fondatrice, Madame Mehla Ahmed Talebna.
C’est pourquoi nous appelons les autorités suprêmes à renouveler leur confiance en Madame Talebna pour le prochain mandat. Cela lui permettra de poursuivre le travail accompli et d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’équipe, notamment l’élimination de la violence et de la discrimination, ainsi que le renforcement du statut des femmes et des filles dans notre société. De plus, les dispositions de l’article 10 du décret 092-2023 autorisent ce renouvellement.
Enfin, il est important de rappeler que le démarrage difficile du premier mandat, lié à des conditions peu adaptées, a occasionné des retards. Cette réalité justifie pleinement l’importance de lui accorder un nouveau mandat pour consolider les bases et accélérer les progrès.
Sektou MOHAMED VALL AHMED
Présidente de l’ONG AMANE / Coordinatrice du Collectif des Défenseurs des Droits des Femmes