Cession de Société Générale Mauritanie: Évitons de commettre l’irréparable

jeu, 26/12/2024 - 14:08

La Mauritanie depuis 1984, avec la cession de la part des actions que détenait la Banque Centrale de Mauritanie dans le capital de la Banque ARABE AFRICAINE EN MAURITANIE (BAAM) à un groupe d’opérateurs privés mauritaniens, s’est lancée avec succès dans la privatisation du secteur bancaire local

La BMCI pionnière dans cette restructuration du secteur bancaire avait pris, grâce à son Président Directeur Général, le pari de réussir sa reconversion dans ce secteur, pour lequel selon certains sceptiques il n’avait pas la formation requise.

Par patriotisme et pour son honneur du fait des engagements pris auprès des autorités du pays, avec un encadrement composé de seuls mauritaniens malgré une conjoncture économique peu favorable, il poussa l’outrecuidance jusqu’à exiger, lors d’un Conseil d’Administration tenu au Caire, le rachat des actions de l’ARABE AFRICAN INTERNATIONAL BANK «A.A.I.B. KAIRO » qui assurait jusqu’alors le management de la BAAM par AAIB et que ses nouveaux partenaires locaux décriaient 

pour n’avoir pas réussi à la redresser malgré leurs engagements ni à lui insuffler le sang nouveau que le privé mauritanien voulait lui apporter. 

Il faut dire que les actionnaires de la BMCI constituaient un pool solidaire d’opérateurs économiques ayant réussi chacun dans son secteur d’activité qui se faisaient confiance et qui voulaient montrer à la face non seulement de la Mauritanie mais également du monde ce que l’intelligence des hommes de ce pays était capable de réussir là où des intellectuels et des professionnels étrangers avaient échoué.

 

Une expérience exaltante 

 

La réussite de la BMCI fut une expérience exaltante et a donné le goût à d’autres opérateurs dont certains du groupe à tenter l’aventure individuelle ou en consortium avec des partenaires étrangers pour se lancer dans ce secteur devenu rentable et prometteur et, c’est ainsi que nous avons assister à l’éclosion de plusieurs banques dont certaines ont emboité le pas à la BMCI en ouvrant des succursales bénéficiaires dans les pays de la sous-région ouest africaine

Cette exception mauritanienne ne doit pas être mise aux oubliettes et ce ne serait pas rendre hommage aux précurseurs de cette glorieuse expérience réussie, dont certains reposent aujourd’hui d’un sommeil éternel aussi, si nous devions assister sans réagir pour revendiquer leur héritage en dénonçant toute cession d’une institution financière locale à une quelconque banque mauritanienne ou étrangère fut-elle installée en Mauritanie depuis plusieurs années

La cession du réseau bancaire africain francophone des filiales de la Société Générale si elle ne fait pas l’objet de concertations au niveau des pays impactés par la décision, au moins que notre pays ne fasse pas moins que nos voisins, ivoiriens, sénégalais, béninois, togolais, marocains, etc… qui ont pris leur destin en mains en renégociant les termes des accords de cession et en ciblant leurs potentiels futurs nouveaux actionnaires locaux pour que ces banques deviennent de nouvelles entités nationales pour une meilleure préservation de souveraineté économique et financière 

En ce qui concerne notre pays, les potentiels acquéreurs des actions de la Société Générale Mauritanie sont légion. Pour ne citer que certaines entreprises d’Etat, le tour de table dans le cadre d’une joint-venture est vite fait avec des actionnaires de référence comme la SNIM, le PORT AUTONOME DE NOUAKCHOTT, la SMCP, la CAISSE DE DEPOTS et de DEVELOPPEMENT, la CNSS, avec d’autres potentiels investisseurs non institutionnels dont les mauritaniens de la diaspora ainsi que d’autres petits porteurs en innovant par l’octroi d’actions au personnel.

L’exception mauritanienne tant saluée dans les milieux financiers internationaux doit être préservée surtout que la mobilisation des ressources financières nécessaires pour le bouclage de cette opération de cession / acquisition ne devrait pas poser le moindre problème.

 

Pistes de négociation 

 

Ainsi, les autorités mettront en place une équipe de professionnels et d’experts du Ministère des finances, de la BCM avec des cadres des entreprises nationales ciblées pour le démarrage des travaux d’audit contradictoire sur la base des états financiers audités au 31 Décembre 2024.

L’équipe d’experts nationaux aura une mission de due-diligence pour l’évaluation du portefeuille clientèle par rapport à la qualité des garanties déposées, des risques encourus et de l’appréciation de l’ensemble des engagements internes et étrangers de la SGM ainsi que son patrimoine foncier.

Cet exercice de due-diligence permettra de procéder à une évaluation objective pour une meilleure appréciation de la valeur commerciale de l’entité proposée à la cession pour une reprise sans délai de son activité commerciale dans le cadre d’un nouveau management afin que la banque du fait des rumeurs persistantes ne commence pas à perdre de sa crédibilité ce qui pourrait être un facteur de dégradation de sa valeur comptable et de la confiance des opérateurs.

Le comité d’audit serait chargé, après ses évaluations de proposer des pistes de négociation pour la reprise de cette institution avec un programme de paiement de la valeur convenue pour l’acquisition de la banque. Cette voie à quelques nuances près du fait des spécificités propres à chaque pays semble être celle que nos voisins ont préconisée.

En conséquence, au nom de notre souveraineté économique, monétaire et financière et pour un meilleur contrôle de l’utilisation de nos ressources financières, cette option consistant à utiliser l’argent public pour le rachat de la SGM par des entreprises publiques dans le cadre d’un investissement en capital risques nous parait être une bonne formule.

L’autre avantage qu’on en tirerait est que l’opération se ferait en toute transparence dans le respect des critères de bonne gouvernance car ne favorisant aucune tribu ou région par rapport à une autre et nous parait être la solution la plus judicieuse pour notre économie nationale au lieu de valider et d’autoriser la cession de l’entité à une tierce institution financière nationale ou d’origine étrangère quels que soient les engagements et les éventuelles promesses dont certains pourraient se faire prévaloir pour augmenter leur réseau intérieur. 

PENSONS MAURITANIE D’ABORD, NOUS NE POUVONS PAS FAIRE MOINS QUE LES AUTRES.

 

                                                        Mory Guéta CISSE