Repenser les termes Arabo-berbère, négro-africain, Harratin etc.…

mer, 12/08/2015 - 11:22

Adrar-Info - Plusieurs compatriotes s’offusquent quand on leur dit qu’ils sont « arabo-berbères ». D’autres n’aiment pas le qualificatif « négro-africains ». Certains trouvent inappropriés les termes : « Haratins », »Maures », « Halpoular », « Bidan » etc…. Ne doit –on pas repenser notre vocabulaire identitaire devenu source de stigmatisation, frustration et méfiance ? Il n’est que temps.

En fait, chacun sait que les Historiens, anthropologues, ethnologues, explorateurs et chercheurs s’accordent à dire que la bande sahélo saharienne dont fait partie la Mauritanie, était , avant sa colonisation ,habitée à majorité par des berbères et /ou populations noires.

Sa 1ere colonisation le fut ,vers le XVe siècle par les tribus arabes Hassan. Elle aboutit à imposer, à la plupart des autochtones, la culture arabo-islamique (dont la langue arabe, métissée en Hassanya). La 2éme invasion de ces terres sahélo-sahariennes l’était par les Français vers le XIX éme siècle, introduisant et imposant quant à elle, les termes : « Maures et Mauritanie».

Cette Mauritanie devenue Etat indépendant en 1960, est constituée divers groupes sociaux s’identifiant chacun sous une dénomination inappropriée mais pourtant, communément admise.

Il y’a les Maures pour désigner les Bidane . Mais ces deux termes ne portent pas le même sens. Le premier est un mot français ainsi défini : « Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb… le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique».

Dans notre cas en Mauritanie ce terme est restrictif car attribué à une partie et non pas tous les habitants de la Mauritanie. Le second terme ou « Bidan » est un mot arabe qui fait référence au blanc épidermique et couleur de la peau.

Or, il se trouve que les individus qui se reconnaissent sous ce pseudo « Bidane » ne sont pas tous blancs. Ils sont en majorité Khi6driyine, noirs, bleus, rouges et surtout « café au lait» (entendre mixage du lait ou blanc d’Arabie et café noir d’Afrique).

Il y’a les Harratins. Ce terme est définie Wikipédia ainsi : «Les Haratins (ou Haratines ; singul. hartani), également appelés Maures Noirs, sont les habitants noirs des oasis du nord-ouest de l’Afrique. C’est un exonyme, qui contient des connotations négatives ».

Chez nous en Mauritanie, Il concerne en premier, les descendants d’anciens esclaves mais dans le langage courant il désigne tous les Maures noirs à cheveux crépus, y compris les nés « du concubinage servile , (droit du maitre sur sa servante) » et autres divers métis dont certains descendants des Chorfas, Emirs ainsi que tous les fortement bronzés par le soleil.

Il y’a ensuite les peuls, toucouleurs communément appelés Halpoular . Ce terme qui signifie littéralement : « Ceux qui parlent la langue poular » n’est, lui aussi, pas approprié. Il en est de même pour les termes « Hassanophones » , « Soninkés » et « Ouolofs » car Les Hassanophones, Soninkés, Ouolofs et Fulaphones (Halpoular) sont les locuteurs des langues Hassanya, Soninkés, Ouolof et poular où qu’ils résident et pas seulement en Mauritanie (dans les pays voisins).

Il y’a aussi ce qu’on appelle les négro-africains et les arabo-berbères. Le terme « negro » (noir en Espagnol) est, pour certains, péjoratif ou tout au plus diminutif. Sous cette appellation « Negro-Africains »sont classées les appartenant aux groupes ethniques Halpoular, Soninké et Ouolof considérés d’origine généalogique Africaine. Et les Haratins ? Ne sont –ils pas issus aussi de cette origine Africaine ? Pourquoi les en priver ?

Le terme « Arabo-berbère » se dit des « Bidane » ou Maures. Là aussi, le terme prête à équivoque. En Fait ! Il est vrai que ce groupe social est arabe de par sa culture et berbère de par sa généalogie et souvent sa biologie mais en quoi cela diminue-t-il de son Africanité ? Arabo-berbero-Africain est plus conforme.

Ely Salem Khayar