Rien ne va plus avec le Panama. Nasser Bourita a tancé ce pays reconnaissant la «RASD». Un signal de fermeté a destination des autres pays proches du Polisario ?
Le Maroc hausse le ton contre la petite république du Panama. Le ministre des Affaires étrangères enjoint au gouvernement du président Laurentino Cortizo de retirer immédiatement sa reconnaissance de la «RASD». Nasser Bourita a menacé le pays caribéen de fermer son ambassade à Rabat.
Une menace proférée lors du passage, vendredi, du chef de la diplomatie devant la Chambre des représentants lors de l’examen en commission du budget de son département.
«Si vous soutenez la sécession, nous soutiendrons la sécession chez-vous, et si vous soutenez les groupes négatifs, nous soutiendrons les groupes négatifs sur votre territoire», affirme Nasser Bourita.
Pour mémoire, le Panama avait réservé un accueil chaleureux à Brahim Ghali à l’occasion de sa participation à la cérémonie d’investiture du président Laurentino Cortizo, début juillet.
Le chef du Polisario a d’ailleurs prolongé son séjour dans le pays et visité quelques lieux phares de la capitale, notamment la canal de Panama. De son côté, le chef du gouvernement marocain, Saad-Eddine El Othmani, également convié à la même prestation de serment, n’a pas été traité avec les mêmes égards.
Quelques semaines après l’investiture du président, «un groupe d’amitié interparlementaire» entre le Panama et le Front a vu le jour. Le Maroc a réagi par la création d’une instance similaire mais le Polisario garde une longueur d’avance sur le Maroc au Panama.
Vers un retour d’une politique de rupture ?
Panama City avait pourtant suspendu, en décembre 2013, sa reconnaissance de la «RASD». Une suspension qui n’a tenu que douze mois. En janvier 2016, le Polisario ouvrait même son ambassade dans la capitale. Le Maroc avait réagi en annonçant l’ouverture d’une chancellerie dans le petit Etat caribéen.
Si les menaces de Nasser Bourita visent directement la république du Panama, ilbpeut aussi servir de signal aux autres pays qui entretiennent des relations diplomatiques avec la «RASD». Devant les députés, le ministre a révélé en effet leur nombre : 17 pays en Afrique, 12 en Amérique latine et 2 en Asie.
Sou le règne de Mohammed VI, le Maroc a choisi d’adoucir son approche avec les pays reconnaissant la «RASD», privilégiant le contact à la rupture. La politique de la chaise vide avait en effet gravement nuit aux intérêts stratégiques du royaume. En témoigne le coût économique de la rupture avec l’Inde de 1985 jusqu’en 2000.
La nouvelle politique prônée par le souverain a largement contribué à asseoir la présence au Maroc en Afrique notamment en Afrique australe, région qui était acquise au Polisario. La nouvelle stratégie a surtout permis le retour du Maroc au sein de sa «famille institutionnelle».