L’Institut Diderot contribue au débat public afin de prendre la mesure du changement de civilisation en cours, notamment par la publication de dossiers thématiques proposant des analyses, des notes sur des sujets d’actualité, des rencontres sur des thèmes définis par son conseil d’orientation et une présence active sur les réseaux sociaux.
Parmi les questions brûlantes qui se projettent sur l’avenir de l’Afrique, la sécurité et la mobilité des personnes occupent une place importante sur un continent qui verra probablement sa population doubler en 2050.
Pour autant, aucun risque d’invasion migratoire de l’Europe ne se profile à l’horizon car, selon les études de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « la croissance démographique africaine est encore loin de se traduire en un accroissement équivalent de la migration vers les pays de l’OCDE ».
La sécurité comme la migration sont affectées par la persistance – et l’exacerbation – d’une conflictualité qui constitue un défi majeur à relever dès maintenant pour un avenir différent.
L’Afrique fait face à quatre types d’insécurité en plus de certaines vulnérabilités structurelles qui peuvent les aggraver.
Il en est ainsi de la vulnérabilité écologique et principalement de l’impact du changement climatique.
Les infrastructures numériques sont exposées à 83% à la cybercriminalité selon un diagnostic fait lors de la 4ème « Africa Cybersecurity Conference » d’Abidjan.
La persistance des conflits armés est aggravée par une montée des violences intercommunautaires instrumentalisées, au Sahel notamment et en Afrique centrale. Elles y menacent les bases du vivre ensemble des peuples de la région dans leur diversité. Les conflits sont largement servis par la circulation (en très grande partie illégale) de plus de 100 millions d’armes légères et de petit calibre.
Les défis de sécurité humaine s’articulent autour de la santé, la sécurité alimentaire et les besoins élémentaires dont la dignité humaine et les droits humains dépendent.
La stratégie panafricaine de sécurité doit mettre la sécurité humaine au cœur de sa doctrine. Ses objectifs doivent précéder les partenariats à nouer. Il est question d’assumer au niveau panafricain l’impératif régalien de protection, de défense, de diplomatie et de développement durable pour mettre l’avenir de l’Afrique à l’abri des maux qui l’assaillent actuellement.
Le potentiel de puissance d’une Afrique unie peut transcender les fragilités et défaillances de nombre d’Etats qui la composent. L’avenir ne résultera pas d’une simple somme de faiblesses du présent qui ne doivent pas occulter la résilience des peuples ainsi que l’émergence d’une nouvelle conscience politique dans la jeunesse. Celle-ci aspire à l’avènement d’une Afrique qui se développe dans la prospérité, la sécurité, la liberté et la dignité.
Dans une perspective de sécurité collective l’approche panafricaine doit aider à relever de manière intégrée et globale le défi de l’hybridation des menaces qui a commencé à se manifester depuis une décennie dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest. Elle se traduit par un décloisonnement, une collusion et parfois des imbrications organisationnelles réversibles entre djihadistes terroristes, rebellions armées, crime organisé autour du narcotrafic, réseaux de trafic de personnes, d’armes, de ressources minières et de carburants. L’économie des passeurs s’inscrit dans le cadre de ces criminalités imbriquées. Il appartient à l’Autorité africaine de relever ce défi. L’Afrique ne saurait se défausser sur l’Europe pour la garantie de sa propre sécurité.
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