La campagne électorale s'accélère aux États-Unis. Après son intervention à travers une publicité en plein Super Bowl (la compétition phare de football américain), le président sortant Donald Trump doit délivrer son 3e discours sur l'Union ce mardi. Et là encore, à neuf mois du scrutin, on peut s'attendre à un discours célébrant son action économique. Quitte à faire l’impasse sur ses promesses.
« L’Amérique est plus forte, plus sûre, plus prospère que jamais […] et le meilleur est à venir ! » Voilà le genre de message entendu lundi par les 100 millions de téléspectateurs du Super Bowl.
Donald Trump devrait réitérer ce message lors de son discours sur l'Union. À regarder les chiffres globaux de l'économie américaine, il faut reconnaître qu'ils sont bons. En tout cas, du point de vue des autres grandes économies du monde dont plusieurs frôlent la récession. Ces 2.3% de croissance annuelle enregistrés en 2019 font envie.
Pourtant, on est loin des promesses du candidat Trump de 2016 !
C'est vrai. L'homme d'affaires à l'époque promettait une croissance de 3% au minimum... objectif très ambitieux qu'il n'est pas parvenu à atteindre. Il s'en est approché en 2018, à coup de réductions massives d'impôts, mais aussi de grosses dépenses publiques votées par ses alliés républicains.
Mais faire passer le taux d'imposition des entreprises de 35 % à 21 %, ce qui représente au passage un cadeau à 1500 millions de dollars en 2017, a eu un effet pour un temps seulement.
Cela s'est dissipé ensuite. Selon les chiffres du département du Commerce, les investissements physiques comme les constructions d'usine ou de bureaux ont même décliné de 10% l'an dernier. Les entreprises n'ont pas tenu leurs promesses.
Et puis, on l'imagine, les conflits commerciaux alimentés par Donald Trump n'ont pas encouragé la croissance ?
Tout à son slogan, « America First », Donald Trump a décidé de remettre à plat les relations commerciales tour à tour avec ses voisins immédiats : Mexique et Canada, de rompre avec le Partenariat transpacifique et de déclarer la guerre à coups de taxes supplémentaires contre l'Union européenne et surtout la Chine. Cela s'est fait sentir sur l'économie, en particulier l'industrie manufacturière et le secteur agricole. L'accord commercial signé le mois dernier avec Pékin y met fin et doit assurer aux agriculteurs et aux industriels américains une reprise des exportations. À moins que l'épidémie de coronavirus ne vienne remettre en cause tout cela.
L'emploi, ce sera assurément un point crucial de la campagne électorale qui se joue
Donald Trump ne se gêne pas pour mettre à son crédit les très bons chiffres de l'emploi aux États-Unis. Même si le pays est loin d'atteindre les niveaux qu'il avait promis pendant sa campagne : 150 000 emplois sont créés chaque mois, avec un taux de chômage actuellement à 3.5%. De très bons chiffres historiquement qui devraient être confirmés ce vendredi.
Les économistes, qui regardent sur le long terme, soulignent que l'économie américaine connaît depuis une bonne décennie une expansion et que Donald Trump n'est pour rien dans les bons chiffres qu'on a cités.
Le camp adverse des démocrates s'est lancé sans surprise dans la critique du bilan économique du président
Et la bataille sera rude certainement dans les États américains comme le Wisconsin ou le Michigan où les usines continuent de souffrir des effets du conflit commercial avec la Chine.
Les coûteux plans de sauvetage de la filière agricole décidés l'an dernier pour répondre à la détresse des agriculteurs en faillite, et le paquet fiscal de soutien aux entreprises de 2017, ne manqueront pas d'être rendus responsables du déficit abyssal du budget américain. Il va atteindre mille milliards de dollars cette année (1 trillion comme on dit).
Sans compter la dette, au plus haut, à 81% du PIB. Malgré tout, un sondage de l'institut GALLUP sur la satisfaction économique des Américains pointe un record de satisfaits, notamment en matière de perspective d'emploi. Reste à savoir si les électeurs mettront cela au crédit de Donald Trump.