Municipales à Paris : les cinq défis qu’Agnès Buzyn doit relever en un mois

mar, 18/02/2020 - 01:59

Municipales à Paris : les cinq défis qu’Agnès Buzyn doit relever en un mois

L’ancienne ministre de la Santé, en remplaçant au pied levé Benjamin Griveaux, a accepté une mission qui paraît impossible : faire gagner LREM dans un mois.

L’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, lors de la passation de pouvoir avec son successeur Olivier Véran, à Paris, ce lundi.  AFP/Geoffroy van der Hasselt

Par Julien Duffé et Pauline Théveniau

Son passage à la tête du ministère de la Santé se sera donc terminé dans les larmes. Certains y vont vu le signe qu'en remplaçant au pied levé Benjamin Griveaux comme candidate LREM à la mairie de Paris, Agnès Buzyn « s'est sacrifiée pour la cause ». Un proche corrige, évoquant l'émotion des adieux : « Elle ne le vit pas comme un sacrifice. Elle fait un pari. » Il reste que l'image appuie là où cela fait mal. Il n'y a pas trois jours, Agnès Buzyn balayait l'hypothèse d'une candidature à Paris. « Elle a peut-être un peu peur, mais elle en a envie », assure un cadre du parti.

Agnès Buzyn en larmes quitte le ministère de la Santé

Des larmes, donc. Et beaucoup de sueur en perspective. Agnès Buzyn a quatre semaines, pas plus, pour faire exister sa candidature et mener sa première bataille électorale. Ce lundi, elle a enchaîné les réunions, au QG de campagne à Montparnasse. Au menu : cinq défis, immenses, qu'il lui faut relever.

1. Se faire connaître

Buzyn fait figure de « poids lourd » de la Macronie. « C'est la seule qui pouvait entrer dans le jeu au même niveau qu'Hidalgo et Dati », loue un pilier de la majorité. Face à ses deux concurrentes, elle part tout de même avec un sérieux déficit de notoriété. « Est-ce qu'elle est connue ? Ça, c'est un sujet », souffle un Marcheur pour qui la candidate n'a pas le choix : « c'est trente jours sur le terrain ! » Recommandation suivie dès le jour 1 de sa campagne, avec une première sortie au jardin du Luxembourg.

« Elle ne va pas rester dans un bureau ou passer son temps sur les plateaux télé », certifie Delphine Bürkli, maire (ex-LR) du IXe. Mais « elle ne pourra pas labourer les 17 arrondissements », reconnaît le conseiller LREM de Paris, Jérôme Dubus, recommandant, comme d'autres, de miser sur les médias : « Ce sera une campagne d'image. »

Laquelle ? Les Marcheurs l'imaginent grignoter à gauche comme à droite. Si tant est qu'elle ne soit pas rattrapée par son statut d'ex-ministre confrontée à la réforme des retraites ou à la crise des hôpitaux. « Elle saura réconcilier et elle a une capacité à rassembler large. Il faut qu'elle imprime sa marque, son style, sa manière d'être, sa méthode », conseille la MoDem Marielle de Sarnez. Problème, « elle ne connaît pas Paris », admet toutefois un cadre LREM, qui lui enjoint de « potasser pour ne pas se faire coincer sur des sujets comme la dette de la Ville ».

2. Avoir une équipe soudée derrière elle

Agnès Buzyn n'a pas quitté seule son ministère. Sa cheffe de cabinet et sa communicante la suivent. Pour le reste, elle conserve l'équipe existante. À ceci près que Benjamin Griveaux parti, certains cadres ou militants retrouvent le chemin du QG de campagne. « Le clan Griveaux était aux manettes, ça va changer, glisse l'un de ceux-là. La candidature d'Agnès, je ne suis pas sûr que ça gagne, mais ça rassemble la famille politique. » Le Marcheur Mounir Mahjoubi ou Marielle de Sarnez ne sont pas loin. Comme les numéros 1 et 2 du parti, Stanislas Guerini et Pierre Person. Au siège du parti, on assure « voir revenir des militants partis chez Villani ».

Paradoxe : tandis qu'ils ont vécu un cataclysme, les Marcheurs semblent gagnés par une forme « d'euphorie ». « Les gens se sentaient bloqués dans une campagne ennuyeuse. C'est une respiration absolue. Agnès est plus à l'écoute, plus bienveillante, moins clanique.